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lundi 3 novembre 2014

Gobelet en argent du seizième siècle.

Gobelet en argent du seizième siècle.


Ce curieux objet, qui, au premier abord, offre l'aspect d'une sonnette, est un gobelet en argent ciselé et gravé, dû à la capricieuse imagination d'un artiste du seizième siècle; le pied est remplacé par un moulin à vent complet, semblable à ceux qu'on apercevait jadis sur les buttes et au somment de beaucoup de mamelons de France, et que l'on voit encore de nos jours dans les plaines des Flandres et de la hollande.


Rien n'y manque: le bâtiment monté sur un cône de fondation, la toiture aiguë, les grandes ailes en croix, l'échelle avec le meunier et ses valets; sur la face antérieure se trouve un cadran à aiguille mobile. Enfin, à la base, près de l'échelle, on remarque un tube d'un diamètre assez fort et légèrement recourbé, qui servait à mettre en mouvement, en y insufflant de l'air, les ailes du moulin, et avec celles-ci l'aiguille du cadran montée à l'extrémité de leur axe, et en même temps la girouette.
Quelle fantaisie a poussé l'artiste à imaginer pour un gobelet un appendice aussi bizarre, à faire de ce pied une sorte de jouet mécanique? On le devinera si l'on a observé les habitudes des buveurs en tout temps et en tous pays; ce gobelet devait être destiné à mesurer la puissance des poitrines. Et voici comment on s'en servait:
Les paris sont ouverts; l'un des jouteurs commence: il souffle à pleins poumons et sans reprendre son haleine dans le petit tube pendant que ses adversaires comptent et notent le nombre de tours que fait l'aiguille; un second jouteur succède au premier, un troisième au second, puis un quatrième et ainsi de suite. La palme est au robuste souffleur qui a imprimé aux ailes le mouvement le plus rapide, et, par suite, a fait exécuter à l'aiguille indicative le plus grand nombre de tours; le vainqueur retourne le gobelet, on lui remplit, et il le vide.
Et tout porte à croire que le propriétaire de ce curieux objet était lui-même un homme aux vigoureux poumons, qui avait imaginé ce moyen de défier nombre de champions et buvait à leur santé sans bourse délier.

Le magasin pittoresque, août 1876.

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