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samedi 8 novembre 2014

Verre de Charlemagne.

Verre de Charlemagne.

La belle coupe de verre en forme de calice que représente notre gravure appartient au musée de la ville de Chartres; on la désigne communément sous le nom de hanap de Charlemagne (1) ; elle n'a pas moins de 24 centimètres de hauteur, y compris le pied ou support en cuivre argenté, ciselé à sa partie supérieure et enrichi à sa base de godrons en bossage. 



Le milieu du vase est orné d'une large bande circulaire d'entrelacs dessinés par des filets dorés dont l'intérieur est rempli de petits points blancs et bleus en relief, formés par des émaux incrustés; au-dessus de cette bande règne une inscription en caractères arabes, dorés au milieu et colorés en rouge sur les côtés de leurs entailles, et, au-dessous, un cordon d'ornements courant en frise circulaire.
Suivant une tradition longtemps accréditée, rapportée par des historiens sérieux, et dont les modernes orientalistes ont seuls, dans ces derniers temps, démontré la fausseté, cette magnifique coupe aurait fait partie des présents envoyés par le calife Aroun-al-Raschid à l'empereur Charlemagne, et aurait été donné par ce dernier à l'abbaye de la Madeleine de Châteaudun (Eure-et-Loir) , qu'il avait fondée ou seulement restaurée. Quoi qu'il en soit, elle avait été conservée jusqu'à la révolution dans le trésor de cette abbaye. En 1798, le président du directoire du département la réclama à la municipalité de Châteaudun pour l'envoyer à la Bibliothèque nationale; mais elle fut oubliée et resta à la Bibliothèque de la ville de Chartres jusqu'à la création du Musée en 1834.
C'est d'après la forme des caractères composant l'inscription que plusieurs orientalistes ont prouvé que ce curieux verre ne pouvait remonter au delà du douzième siècle. M. Reinaud l'a ainsi traduite en 1821: 
"Que sa gloire soit éternelle et sa vie longue et saine, que son sort soit heureux, son siècle favorable et sa fortune parfaite."
Ce savant ajoute que quelque croisé appartenant au pays chartrain ou dunois l'aura rapporté d'Orient, comme tant d'autres monuments de ce genre épars dans les différentes villes de France, et il pense que ce fut sans doute après la prise de Damiette, soit à la première croisade de saint Louis.


(1) On appelait hanap un verre à boire ou coupe réservée habituellement dans les repas au principal convive. Ces vases, d'après M. de Laborde, n'avaient pas de formes déterminées; on les fabriquait également de diverses matières, depuis le bois jusqu'à l'or, depuis le cristal jusqu'aux pierres précieuses.


Le magasin pittoresque, décembre 1876.

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