Chronique.
Nous trouvons dans le spirituel et philosophique Courrier de Paris, de M. Paul d'Ivoi, une anecdote que nous prenons le parti d'emprunter, parce qu'elle nous semble on ne peut plus fantastique et tout à fait digne des contes d'Hoffman.
"Il s'agit tout simplement d'un digne musicien de l'orchestre d'un théâtre du boulevard.
"Ce brave homme, ayant fêté la dive bouteille, rentrait chez lui à deux heures du matin en chancelant et en chantonnant; arrivé à sa porte, il trouve un ivrogne couché sur le seuil. Il s'intéresse à cette faiblesse qu'il partage.
"- Allons, mon bonhomme, dit-il à l'ivrogne, tu ne peux pas rester là... Mon lit est grand... Je t'offre l'hospitalité...
" En disant cela, il relève l'homme qui est plus ivre que lui et ne peut se soutenir. Notre musicien, moitié le poussant, moitié le portant, atteint enfin son quatrième étage; il ouvre sa porte, pousse l'autre dans sa chambre, tire les rideaux de son alcôve, prend son nouveau camarade dans ses bras et le jette dans son lit. Tranquille alors sur le sort de son nouvel ami, il se dit à lui-même:
"- Vraiment, mon garçon, c'est honteux... Voilà un camarade qui est plus ivre que toi... ça ne doit pas être; ça ne sera pas.
"Et, en faisant ce beau raisonnement, il sort de sa chambre et descend son escalier pour aller chercher où se mettre au niveau de son camarade.
"Dans la rue, il trébuche contre un homme étendu par terre. C'est un autre ivrogne encore plus ivre mort que le premier.
"Il veut relever l'homme, mais il est tellement ivre qu'il ne peut même pas se tenir debout. Le musicien le charge sur ses épaules, et, après de grands efforts, il parvient à le hisser jusqu'à chez lui. Là, il le prend dans ses bras et il le jette sur le lit à côté du premier. Puis poursuivi par son idée fixe, il redescend encore pour aller boire, afin d'être aussi ivre que ses deux hôtes.
"A sa porte il trouve un troisième ivrogne.
"- Que signifie cela? dit-il... C'est pourtant pas lundi aujourd'hui... Ils vont être gênés là-haut... Trois dans mon lit... Enfin, qu'ils s'arrangent!
"Il charge sur son dos le troisième ivrogne; il le porte dans sa chambre et le jette sur son lit; puis, harassé de fatigue, il tombe dans un fauteuil et s'endort.
"Le jour commence à poindre. Un vent frais réveille notre musicien... Il regarde... son lit n'est pas défait et sa fenêtre est ouverte.
"- Comment! se dit-il, ils sont partis sans me dire adieu... c'est mal... Obligez donc des ingrats!... Et ils ont refait le lit...
"Il se lève et regarde par la fenêtre, et en bas, dans la rue, il aperçoit un homme gisant par terre. Décidément, c'est la nuit des ivrognes. Notre musicien ne veut pas être moins humain pour celui-ci. Il descend le chercher, et il trouve un homme mort, horriblement broyé contre le pavé. C'était son ivrogne, le premier, toujours le même, qu'il avait jeté trois fois par la fenêtre, croyant le jeter sur son lit."
Voici maintenant deux naïvetés rustiques, du fait de deux bons habitants de la campagne.
Les chiens ont été érigés en contribuables, et nous trouvons une lettre curieuse qui devait être la suite naturelle de cette mesure.
Un individu de Combieux prétend qu'on dresse un acte de décès de son chien, et adresse au maire de sa commune l'avis suivant:
"Monsieur, je vous annonce la mort de mon chien; il est décédé le 29 avril, à deux heures de l'après-midi. Vous aurez la bonté de l'enregistrer, afin qu'on ne me fasse pas payer l'année entière."
Un paysan qui venait de gagner son procès se présente chez son avoué pour reprendre le dossier de l'affaire. Tandis que l'avoué cherche parmi les pièces de procédure déposées sur une étagère, le client croit entendre une souris qui ronge des papiers posés sur une table voisine. Voulant tuer l'animal rongeur, le paysan se déchausse, s'arme de son sabot et frappe de toute sa force sur l'endroit où il a entendu le bruit? Ce bruit cesse, la bête est morte; le paysan écarte les paperasses pour saisir sa victime, et, au lieu d'une souris, il trouve une montre aplatie et brisée. Stupéfaction du client; colère de l'avoué, qui en réfère à la justice.
Celui-là gagnera peut être son procès mais perdra son client.
Paul de Couder.
Journal du Dimanche, 2 août 1857.
"- Allons, mon bonhomme, dit-il à l'ivrogne, tu ne peux pas rester là... Mon lit est grand... Je t'offre l'hospitalité...
" En disant cela, il relève l'homme qui est plus ivre que lui et ne peut se soutenir. Notre musicien, moitié le poussant, moitié le portant, atteint enfin son quatrième étage; il ouvre sa porte, pousse l'autre dans sa chambre, tire les rideaux de son alcôve, prend son nouveau camarade dans ses bras et le jette dans son lit. Tranquille alors sur le sort de son nouvel ami, il se dit à lui-même:
"- Vraiment, mon garçon, c'est honteux... Voilà un camarade qui est plus ivre que toi... ça ne doit pas être; ça ne sera pas.
"Et, en faisant ce beau raisonnement, il sort de sa chambre et descend son escalier pour aller chercher où se mettre au niveau de son camarade.
"Dans la rue, il trébuche contre un homme étendu par terre. C'est un autre ivrogne encore plus ivre mort que le premier.
"Il veut relever l'homme, mais il est tellement ivre qu'il ne peut même pas se tenir debout. Le musicien le charge sur ses épaules, et, après de grands efforts, il parvient à le hisser jusqu'à chez lui. Là, il le prend dans ses bras et il le jette sur le lit à côté du premier. Puis poursuivi par son idée fixe, il redescend encore pour aller boire, afin d'être aussi ivre que ses deux hôtes.
"A sa porte il trouve un troisième ivrogne.
"- Que signifie cela? dit-il... C'est pourtant pas lundi aujourd'hui... Ils vont être gênés là-haut... Trois dans mon lit... Enfin, qu'ils s'arrangent!
"Il charge sur son dos le troisième ivrogne; il le porte dans sa chambre et le jette sur son lit; puis, harassé de fatigue, il tombe dans un fauteuil et s'endort.
"Le jour commence à poindre. Un vent frais réveille notre musicien... Il regarde... son lit n'est pas défait et sa fenêtre est ouverte.
"- Comment! se dit-il, ils sont partis sans me dire adieu... c'est mal... Obligez donc des ingrats!... Et ils ont refait le lit...
"Il se lève et regarde par la fenêtre, et en bas, dans la rue, il aperçoit un homme gisant par terre. Décidément, c'est la nuit des ivrognes. Notre musicien ne veut pas être moins humain pour celui-ci. Il descend le chercher, et il trouve un homme mort, horriblement broyé contre le pavé. C'était son ivrogne, le premier, toujours le même, qu'il avait jeté trois fois par la fenêtre, croyant le jeter sur son lit."
Voici maintenant deux naïvetés rustiques, du fait de deux bons habitants de la campagne.
Les chiens ont été érigés en contribuables, et nous trouvons une lettre curieuse qui devait être la suite naturelle de cette mesure.
Un individu de Combieux prétend qu'on dresse un acte de décès de son chien, et adresse au maire de sa commune l'avis suivant:
"Monsieur, je vous annonce la mort de mon chien; il est décédé le 29 avril, à deux heures de l'après-midi. Vous aurez la bonté de l'enregistrer, afin qu'on ne me fasse pas payer l'année entière."
Un paysan qui venait de gagner son procès se présente chez son avoué pour reprendre le dossier de l'affaire. Tandis que l'avoué cherche parmi les pièces de procédure déposées sur une étagère, le client croit entendre une souris qui ronge des papiers posés sur une table voisine. Voulant tuer l'animal rongeur, le paysan se déchausse, s'arme de son sabot et frappe de toute sa force sur l'endroit où il a entendu le bruit? Ce bruit cesse, la bête est morte; le paysan écarte les paperasses pour saisir sa victime, et, au lieu d'une souris, il trouve une montre aplatie et brisée. Stupéfaction du client; colère de l'avoué, qui en réfère à la justice.
Celui-là gagnera peut être son procès mais perdra son client.
Paul de Couder.
Journal du Dimanche, 2 août 1857.
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