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dimanche 2 novembre 2014

Les ascenseurs.

Les ascenseurs.


Les étages élevés des maisons, bien aérés, bien éclairés, ne manqueraient pas d'être toujours les plus recherchés s'il était possible de les atteindre sans avoir à gravir les marches d'un escalier. On a eu depuis longtemps l'idée d'élever les habitants d'une maison  jusqu'à ses parties supérieures à l'aide d'un mécanisme: il n'y a guère plus de trente ans une sorte de treuil analogue à celui des mines avait été organisé à cet effet au palais des Tuileries pour le service du roi; mais ce système, comme tous ceux que l'on utilisa pendant longtemps, était dispendieux et surtout très-compliqué, ce qui empêcha ces appareils de se répandre et de se multiplier.
En 1867, M. l'ingénieur Edoux exposa au champ de Mars un ascenseur d'un nouveau système, qui devait attirer les suffrages de tous les hommes compétents. M. Edoux songea à employer une force très-puissante, dont on dispose partout dans la plupart des villes: la pression de l'eau dans les conduites. Il construisit un appareil remarquable, qui fonctionne avec la plus grande facilité, et qui est aujourd'hui utilisé dans la plupart des hôtels et dans un grand nombres de maisons particulières. Nous croyons utile d'en donner la description.
L'ascenseur Edoux est essentiellement formé d'une espèce de balance et d'une pompe, mais d'une pompe dont le jeu est retourné. Au lieu d'avoir un piston qui repousse l'eau, on ouvre une issue à une masse d'eau qui par sa pression chasse le piston devant elle. Qu'on se représente une longue tige de métal ayant la hauteur d'une maison, et disparaissant dans un cylindre qui l'enveloppe et qui est creusé dans le sol. La tige de métal supporte à sa partie supérieure une cage rectangulaire qui glisse entre quatre montants. C'est dans cette cage que se placent les voyageurs. Quand on introduit au-dessus de la grande tige métallique qui forme piston l'eau des conduites urbaines, la pression de celle-ci pousse le piston, le soulève; elle le fait monter avec la cage supérieure et les personnes qu'elle contient.
Quand on voit pour la première fois cette tige polie jaillir du sol en soulevant un poids considérable, on se demande quelle force peut être assez puissante pour opérer un tel travail. Mais en réalité le piston ne supporte pas son poids, et quand il n'y a personne dans la cage, l'effort nécessaire pour le lever est nul. Le piston, en effet, glisse entre quatre colonnes creuses; à chaque angle de la cage qu'il soulève s'attache une chaîne qui passe dans la gorge d'une poulie établie au sommet de chaque colonne, et qui se termine par un poids. Les quatre poids, ainsi placés dans les colonnes creuses, font équilibre au piston métallique et constituent une véritable balance. La pression de l'eau n'est donc utilisée que pour soulever l'excédant de poids des voyageurs qui se placent dans la cage, véritable plateau d'une balance en équilibre.



L'admission et l'expulsion de l'eau s'opèrent au niveau du sol, au moyen de deux systèmes de pistons obturateurs et contre-pistons. Les valves sont commandées par deux cordes qui règnent sur tout le longueur des colonnes. A la base et au sommet de l'appareil, en tout point intermédiaire même, il est facile de régler le mouvement de la cage. 
Donnons un exemple de la manœuvre. Nous sommes à la partie supérieure de l'ascenseur. En tirant la corde, nous ouvrons la valve d'admission de l'eau, le piston monte et la cage s'élève jusqu'à nous. Nous pénétrons dans la plate-forme, et par notre poids nous descendrons aussi doucement que nous le voulons, en donnant à la valve de sortie une ouverture plus ou moins grande. Si nous la fermons, nous nous arrêteront même tout à fait.
L'ascenseur que nous venons de décrire est d'une manœuvre très-simple, d'un fonctionnement très-sûr; mais son emploi est encore assez coûteux: aussi ne le voit-on utilisé que dans les hôtels public, ou dans quelques installations luxueuses.

Le magasin pittoresque, juillet 1876.

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