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dimanche 2 novembre 2014

Ampoules de pèlerinage.

Ampoules de pèlerinage.

La coutume d'enfermer dans de petites boites ou sachets des substances, des objets ou fragments d'objets auxquels on attachait une signification religieuse, et de les porter sur soi comme un préservatif ou une bénédiction, remonte à une haute antiquité. 
Les Étrusques et les Romains avaient des bulles de métal et de cuir qu'ils suspendaient au cou et qui contenait des amulettes. Les chrétiens en eurent à leur tour, dans lesquelles ils placèrent des reliques, telles que les linges teints du sang des martyrs, de la limaille de fer de leurs chaînes, ou des instruments de fer de leur supplice; puis quelques gouttes des baumes qu'on répandait sur leur tombeau, ou de l'huile qui brûlait dans leur sanctuaire. M. de Rossi, dans son Bulletin d'archéologie chrétienne (1872), a décrit et figuré ces bulles provenant d'Orient et remontant aux premiers siècles de l'Eglise; elles sont en terre cuite, l'inscription qu'on lit sur l'une d'elles, les images des saints qui sont représentés sur toutes, prouvent qu'elles furent rapportées par des pèlerins qui avaient visité, au sixième ou au septième siècle, les tombeaux, situés à peu de distance d'Alexandrie, de saint Pierre, évêque de cette ville sous Dioclétien, et de saint Mennas, martyr.
Le même usage se retrouve en France au moyen âge. M. E. Grésy dans le Bulletin de la Société des antiquaires de France, M. Arthur Forgeais dans son ouvrage intitulé Collection de plombs historiés trouvés dans la Seine, M. le docteur Marchant dans les Mémoires de la commission des antiquités de la Côte-d'or, ont décrits et figuré des ampoules ou sachets, non plus en terre, mais en plomb, dont la destination était de contenir un peu de la terre des saints lieux que les pèlerins avaient visités, ou de l'eau des fontaines consacrées où ils avaient bu. Nous empruntons au dernier des mémoires cités, celui de M. Marchant, à qui nous devons l'obligeante communication de la figure que l'on voit ici, et qui en a publié trois autres, les renseignements qui s'y rapportent.



Cette ampoule, trouvée à Rouvres (Côte-d'or) a, comme on le voit, la forme d'un petit sac; elle porte sur sa face antérieure, qui est bombée, un écusson aux armes de France, et sur l'autre face les armes du duché de Bourgogne. M. Marchant croit pouvoir attribuer cette ampoule, ainsi qu'une autre qui porte aussi l'écusson de Bourgogne, au pèlerinage de Sainte-Reine, qui au moyen âge attirait des pèlerins de toutes les parties de la France. Une autre, qui porte sur une de ses faces les lettres gothiques JHS surmontés d'une couronne royale, et sur l'autre un M majuscule surmonté d'un petit A, fut découverte lors de la démolition du massif d'un autel dans l'église de Pagny-la-Ville. Elle renferme des parcelles d'ossements et un petit parchemin indiquant que ces ossements sont ceux de saint-Théodebert, martyr, et qu'ils ont servi en l'année 1506, enveloppés dans cette ampoule, à la consécration de la chapelle de saint-Nicolas, dans l'église où elle fut trouvée; destination différente de celle qui était réservée d'ordinaire à ces objets, car ils sont munis d'anneaux de suspension pour être portés.
Parmi les ampoules précédemment connues, qui appartiennent aux treizième, quatorzième, quinzième et seizièmes siècles, plusieurs se rapportent à la dévotion de la Sainte larme de Vendôme, d'autres au pèlerinage de Notre-Dame de Boulogne-sur-Mer. Sur une autre, on voit l'image de saint-Eloi forgeant; sur une autre encore, la figure à mi-corps et le meurtre de saint Thomas de Cantorbéry. Nous renvoyons aux ouvrages cités plus haut les personnes curieuses de ces recherches.

Le magasin pittoresque, juillet 1876.

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