Translate

jeudi 25 février 2021

 La coiffure est un art.


Les bandeaux.

Les bandeaux ondulés sont généralement plus seyants que les bandeaux droits, lisses, cachant le front et les oreilles. Pour se coiffer ainsi, il faut un visage ovale et très régulier. Les bandeaux ondulés, dans leur aimable négligence, donnent à la physionomie un aspect jeune et frais et point "arrangé". Un visage un peu fort supportera très bien cette coiffure.
On peut séparer les bandeaux de trois façons: au milieu, sur le côté et de chaque côté des tempes.



Fig. 1- Les bandeaux simples.


Au milieu (comme fig. 1) la coiffure apparaît très nette. L'inconvénient de fatiguer un peu le crâne qui se découvre toujours au même endroit n'a pas lieu quand on sépare ses cheveux soit à droite, soit à gauche.




Fig. 2- Bandeaux ondulés.

Un bandeau étroit fait pendant à un bandeau large (fig. 2)



Fig. 3- Bandeaux roulés.

Enfin, on peut aussi faire avec ses cheveux, trois parts (fig. 3). Celle du milieu est plutôt une grosse boucle enroulée avançant sur le milieu du front. Les deux autres sont deux bandeaux très lâches élargissant le visage et lui donnant un air éveillé. Cette coiffure convient à une physionomie chiffonnée, ayant des cheveux non frisés, mais souples, conservant bien le pli qu'on leur donne. Certains cheveux blonds ardents, plus jolis de couleur qu'abondants, pourront profiter de cette manière qui fait valoir le peu que l'on a.
Les bandeaux donnent un aspect très différents au visage suivant qu'ils descendent plus ou moins bas. Les trois sortes de bandeaux que nous venons de décrire sont épanouies en largeur. Les bandeaux longs, au contraire, couvrant les oreilles, descendant dans le cou, supportant encore parfois boucles, nattes ou parures, allongent la figure indéfiniment et peuvent la transformer complètement.



Fig. 4- Bandeaux bas.

En général, cette coiffure (fig. 4) vieillit celle qui l'adopte. Ce chignon lourd et pesant pourrait faire un contraste avec un visage très fin, très régulier, un cou long et souple; au contraire, il ne s'harmonise pas avec des traits épais et gras, tels que les montre la figure 4.
Pour ce qui est des bandeaux, et par conséquent de toutes les coiffures à raies, il faut retenir ceci: elle ne rajeunissent jamais.


Les coiffures les plus seyantes.

Les cheveux relevés à la chinoise, pourvu qu'ils ne soient pas tendus, mais au contraire lâches, un peu bouffants, donnent de la jeunesse, et sont un cadre harmonieux au visage.




Fig. 5- Coiffure à la Diane.

Voyez la coiffure à la Diane (fig. 5). Toute la chevelure, d'une seule masse, est relevée à racine droite sur le sommet de la tête. C'est l'affaissement du chignon qui pousse les cheveux en avant et qui forme le clou de la coiffure. Est-il rien de plus simple, de plus naturel? Elle est seyante aux neuf dixièmes des femmes, sauf à celles qui, ayant trop peu de cheveux, voient toute l'auréole emporter la masse. Il n'en reste pas assez, ensuite, pour former le plus petit chignon; Pour celles-là, elles peuvent remédier à cet inconvénient en rassemblant en l'air, en une seule masse, le petit rouleau, en le tournant en forme de casque, derrière, jusqu'à extinction ou plutôt disparition de la petite mèche.


Fig. 6- Coiffure sans chignon.

Ceci fait, le rouleau tout entier tient dans le casque. S'il reste encore quelques mèches ou bouclettes, cachez-les dans l'auréole formée par l'abandon de tout chignon (fig. 6).
Si, au contraire, vous avez une opulente chevelure , si vous avez un visage un peu fort ou un peu gras, les joues bien pleines, vous supporterez très bien la coiffure tombante, si actuelle, avec les cheveux bouffants autour du visage (fig. 7) retenus sur la nuque par un large peigne d'écaille.



Fig. 7- Coiffure tombante.

Le soir, vous y placerez une seule grosse rose, faisant pendant aux bouclettes frisées qui sortent du chignon.
Dans la catégorie des coiffures à chignons bas, il en est d'un peu plus assises, s'alliant avec une tête jeune et fine, à l'air calme et doux.


Fig. 8- Coiffure à chignon bas.

C'est celle que montre la figure 8 et dont la figure 9  donne le profil un peu langoureux.


Fig.9- Coiffure à chignon bas (profil).

Dans le jour les cheveux ondulés sont relevés à droite en bouffant Louis XV; à gauche, ils descendent en bandeau sur le front. Cela fait une légère irrégularité qui siéra bien à une jeune fille grande et blonde. Le soir, de menues guirlandes de roses de Noël retenues pas des peignes d'écaille, tomberont du sommet de la tête dans les creux des ondulations.
Il y a aussi des coiffures plus précieuses, bien apprêtées, où pas un pli ne se dérange, où l'on sent les doigts du coiffeur savant ou de la femme de chambre patiente (fig. 10).


Fig. 10- Coiffure précieuse.

Le chignon placé juste au milieu de la tête a peu de relief, les cheveux qui ombragent le front devant y sont méthodiquement arrangés. Certaines brunes piquantes ayant une mince chevelure la choisissent avec succès, en y ajoutant, comme le montre la figure 10, quelques frisures irrégulières sur la front.
Voici enfin deux genres de coiffure complétement différents, hors du convenu et de la banalité, n'imposant pas l'ondulation. L'une a les cheveux retenus en l'air (fig. 11), l'autre en bas (fig. 12)


Fig. 11- Coiffure au nœud.


Dans la première (fig. 11), les cheveux lisses sont arrangés d'une façon simple et précise. Le nœud qui en retient la totalité est fait avec les cheveux eux-mêmes. Et les peignes qui font bouffer autant que possible le tour de la chevelure sont circulairement placés. Une barrette droite, retient les quelques mèches folâtres et empêche en même temps le nœud du chignon de retomber.


Fig. 12 - Coiffure en rouleaux.


Cette coiffure, ni haute, ni basse, est toujours à la mode. L'autre coiffure rappelle celles d'il y a un demi-siècle. Les cheveux ne sont séparés, ici, ni par des peignes, ni par un chignon, mais par une sorte de bourrelet entourant le visage et formé par l'enroulement en cercle des cheveux sur eux-mêmes. Ce rouleau de cheveux vient se confondre, en bas, avec le chignon pour former une masse compacte et puissante. Une telle coiffure conviendra à une brune, aux traits accusés, vigoureux, énergiques.

Almanach Hachette, petite encyclopédie populaire de la vie pratique, 1902.




mardi 23 février 2021

 Le marchand de cercueils.


Sous ce titre: les "Va-nu-pieds" de Londres, M. Hector France publie une série de tableaux de la vie populaire à Londres.
L'éditeur Charpentier vient de réunir en un volume  ces études si remarquables et si pleines de vérité sur les gueux et sur les types pittoresques de la grande cité anglaise.


J'ai pour voisin un heureux négociant, un de ceux qui ne chôment jamais. Il ne redoute ni morte-saison, ni caprice de la mode, ni pénurie de clients, ni grève. Son atelier est toujours plein et ses produits incessamment s'écoulent. Les vitrines de sa boutique sont illustrées d'armoiries peintes sur des écussons en losange et des devises des grands du monde sont mêlées aux enseignes des morts:

HOG VINCES SIGNO
FOURNISSEUR DE FUNERAILLES
DIEU ET MON DROIT
MONUMENTS ET TOMBES
PRO REGE
CERCUEILS POUR TOUTES LES BOURSES

Ce négociant s'appelle Joyce (Joie), comme on peut le voir aux petits cercueils peints ingénieusement disposés en forme de lettres au-dessus de sa boutique, et il a poussé gaiement jusqu'au bout l'étalage de son art.
Une coquette boîte d'enfant toute tapissée de soie rose, orne un côté de la vitrine. Le couvercle est dressé au bout avec une plaque d'argent lisse, prête pour le nom du petit client, tandis qu'un cimetière en miniature, formé de coquettes tombes d'albâtre, s'étend sur l'autre coin.
Chaque matin, une fillette à museau rose prend plaisir à en varier le dessin.
Mais le véritable ornement de la boutique est un magnifique tableau à l'huile que par les beaux temps l'entrepreneur accroche à sa porte. Un corbillard de première classe, conduit par des chevaux fringants, s'avance lentement vers le cimetière dont les tombes en amphithéâtre se dressent sur une verdoyante colline embellie de chapelles funèbres, et dans le ciel  d'un bleu d'azur planent de grands oiseaux blancs. Les voitures de deuil suivent à la file, ornées de têtes aux portières. Dans la première, un monsieur guilleret regarde avec admiration le paysage enchanteur.
C'est ce que font les passants, qui ne manquent pas de dire: Voici dans cette belle allée ombreuse un petit coin qui me conviendrait assez.
On peut aller le retenir d'avance.
La route est unie, les allées ensoleillées, et, au pied du coteau, un cabaret champêtre où devisent en vidant des pots de bière blonde des croquemorts cravatés de blanc, ouvre pour vous sa porte hospitalière.
De ma fenêtre, je plonge dans l'atelier et j'assiste aux détails de la confection de notre dernier paletot. J'ai eu sous les yeux les échantillons les plus séduisants. Bien que monsieur Joyce travaille pour tous, ses préférences sont acquises aux riches, et c'est dans la féodalité de la cassonnade, du thé et de la chandelle qu'il recherche ses clients.
Sa spécialité est le cercueil de bon ton, le coffin respectable, la bière de gentleman, et, ainsi qu'il l'annonce, il en a pour tous les goûts et toutes les bourses, depuis la caisse plaquée d'acajou jusqu'au coffre de palissandre sculpté ou celui d'ébène massif, orné à ses coins d'arabesques d'argent, comme un psautier de marquise et bordé de satin rose comme un lit de fiancée.
Dressés et alignés au fond de la boutique, ils étaient leur luxe intérieur. Larges, spacieux, confortables, solides, le couvercle s'y fixe sans bruit par de bonnes vis de Birmingham. Quelle différence avec les nôtres si étroits et si fragiles! Fragilité qui aurait du bon dans les inhumations précipitées s'il ne pesait un tombereau de terre qui empêche les cris des ensevelis vivants de n'être entendus que des vers.
Ici, ces effroyables étouffements sont moins à redouter. Entre le dernier souffle et l'inhumation, la loi exige un délai de huit jours. Pendant une semaine, la famille garde le cadavre. Cela peut avoir ses désagréments et ses tristesses. Mais on a la certitude que le mort aimé, réveillé dans la fosse, ne se laboure pas la poitrine au fond du cercueil.
- Vos cercueils, me dit un jour M. Joyce, de la camelote (brummagen). Le caractère des deux nations est là tout entier. Légers, futiles, sans solidité et sans surface, vous faites des boîtes de cartons qui crèvent sous la première motte de terre, et des institutions de pacotille qui s'effondre au premier coup de fusil. Vous êtes à l'étroit dans vos logements exigus, ficelés dans votre réglementation, étouffés par votre bureaucratie. Pas de principes! pas de religion! pas de morale! Nous autres, les vieux Bretons, nous nous installons à notre aise; nous somme honnêtes, loyaux, religieux et, dans nos institutions libres, nous jouons librement des coudes comme nous pouvons le faire dans nos cercueils.
Ce disant, il riait, surveillant la besogne de ses employés. L'un, armé d'un tampon, le promenait en tous sens, vernissant une belle caisse d'acajou; il la retournait avec effort sur toutes ses faces, comme un garçon de bain turc ferait d'un gros baigneur hydropique, et recommençait à polir. Un autre donnait le dernier coup de main à une boîte capitonnée de ouate et de soie. Il rangeait un oreiller festonné de dentelles pour reposer la tête et assujettissait un coussin à la place des reins. Un troisième fixait un écusson d'argent, un quatrième des moulures de bronze.
Un jeune gentleman, le deuil au chapeau et la joie sur la face, examine le funèbre travail. Je pense que c'est un héritier, car ses yeux semblent dire:
- Enfin! on va pouvoir le mettre là-dedans. Il y sera, ma foi, très bien; oui, en vérité, il y sera très bien.
La fillette passe de temps en temps son minois rose; elle joue à cache-cache avec un frère cadet et de grands éclats de rire détonnent derrière les cercueils; puis on entend la voix du père:
- Nelly, faites attention; Tommy, ne soyez pas si fou, vous allez gâter le cercueil de l'alderman.
Par la porte vitrée, un misérable regarde.
Il voit ces somptueux apprêts, cette soie, ces rubans, ces festons, ces dentelles, ces écussons d'argent, cette couche douillette destinée à un mort, et il calcule combien d'heureux mois il pourrait vivre avec le prix de toutes ces choses que l'on va jeter dans un trou et qui demain ne seront plus qu'un tas de fumier.
Et lui qui a pour lit les marches des escaliers de Trafalgar, ou les voûtes des ponts, ou la paille des bouges de Drury-Lane, envie cette couche moëlleuse où l'on étendra un cadavre pour le livrer aux vers.
Une ivrognesse passe en trébuchant et s'arrête; comme l'homme affamé, elle regarde aussi:
- Quoi! tout cela pour un damné mort! De la soie pour envelopper des pourritures, tandis que mon pauvre corps qui est bien vivant n'a que du coton en loques! Ah! maudit mort, ta charogne sera mangée des vers malgré la belle boîte. Oui, dans quelques jours tu deviendras semblable à un vieux morceau de fromage oublié dans un buffet!
Et elle rit, l'ivrognesse, elle rit, et devant les somptueux cercueils béants, elle se met à danser la gigue, chantant:

Le ver, le ver nous mangera!
Le ver, le ver nous mangera!

- Allez vous-en, s'écria M. Joyce furieux, ouvrant la porte de sa boutique; rentre chez vous, vieille sorcière. Vos enfants n'ont-ils pas honte de vous laisser sortir ainsi? Filez, voici le policeman.
La vieille, lui faisant la nique, s'en alla continuant sa gigue:

Le ver, le ver, nous mangera!
Et M. Joyce y passera.

Avait-elle lu Shakespeare, cette égalitaire?
" Le roi gras et le mendiant maigre ne sont qu'un service différent, deux plats pour la même table. Voilà la fin!"
Et, se retournant tout à coup, elle aperçut sur le seuil du magasin funèbre les enfants de l'undertaker.
- Et vous aussi, mes petits canards, glapit-elle, vous irez dans la boîte, vous irez dans la boîte... et le ver vous mangera.
M. Joyce ferma violemment la porte: les cris joyeux recommencèrent, et l'on entendit bientôt la voix grondeuse du papa:
- Tommy, faites attention; Nelly, ne soyez pas si folle, vous allez gâtez le cercueil de l'alderman.
Et je rêvais, plongeant mes regards dans la boutique du undertaker et, songeant aux vanités posthumes de ces riches orgueilleux, je me rappelais ces vers d'un vieux poète normand, dignes d'être mis dans la bouche d'Hamlet:

Je songeais cette nuit que de mal consumé
Côte à côte d'un pauvre on m'avait enterré,
Et n'en pouvant plus souffrir le voisinage,
En mort de qualité,  je lui tins ce langage:
- Retire-toi, coquin, va pourrir loin d'ici,
Il ne t'appartient pas de m'approcher ainsi!
- Coquin! me répond-il, d'une arrogance extrême,
Va chercher tes coquins ailleurs, coquin toi-même!
Ici, tous sont égaux: je ne te dois plus rien
Je suis sur mon fumier, comme toi sur le tien.

                                                                                                                      Hector France.

La Vie populaire, dimanche 4 novembre 1883.

lundi 22 février 2021

 Notre seconde France, l'Algérie.


L'attention ne cesse de se porter sur l'Algérie, mais combien de nos lecteurs possèdent des notions exactes et claires de cette France africaine, sur cette nouvelle France dont le port le plus important, Alger, est plus rapproché de la France que Toulon ne l'est de Brest? Qui sait les ressources, les richesses de cette colonie, reine de la Méditerranée? Comment y devient-on colon? Et comment peut-on voyager dans ce pays de rêve, qui a toute la magie de l'Orient?
La grande Exposition coloniale qui s'ouvrira à une date prochaine à Alger et qui resserrera encore plus les liens entre l'Algérie et la métropole donne à toutes ces questions une actualité pratique que ne devait pas négliger notre Almanach, source de renseignements universels.


Situation.

Plus grande que la France, d'une superficie de 66 millions d'hectares, avec un littoral de 1000 kilomètres, l'Algérie a pour limites au nord la Méditerranée, à l'ouest le Maroc, à l'est la Tunisie, et au sud le désert. On peut la diviser en trois régions bien distinctes:
- 1° Le Tell, la partie la plus verte, la plus cultivable, la plus fertile, qui s'étend de la mer dans l'intérieur des terres sur une profondeur de 150 kilomètres.
- 2° Les Hauts-Plateaux, faisant suite au Tell, contrées de pâturages immenses et de vastes plaines couvertes d'alfa. C'est le pays du mouton.
- 3° Le Sahara ou désert, parsemé d'oasis nombreuses d'une extraordinaire et merveilleuse végétation, où domine le palmier-dattier.
L'Algérie est arrosée par de nombreux cours d'eau; mais aucune de ses rivières n'est navigable.
Une chaîne de montagne, l'Atlas, la traverse dans toute sa largeur.

Population.

Elle est aujourd'hui de 4 394 019 individus se répartissant ainsi par nationalités:

Français d'origine ou naturalisés... 346 870
Israélites indigènes... 53 103
Sujets français musulmans (Arabe, Kabyles et M'zabites)... 3 736 908
Espagnols... 157 560
Italiens... 35 539
Maltais... 12 815
Autres nationalités... 31 224

Climat.

Très sain, il varie suivant la configuration et l'altitude du sol. Sur le littoral, la température dépasse rarement 32° en été, et ne descend jamais en dessous de zéro en hiver. Les chaleurs d'été sont plus fortes dans les plaines mais moins humides. A Miliana, Médéa, Sétif, fort-National, etc. la température se rapproche de celle du centre de la France. Dans le Sud, les écarts du thermomètre sont plus sensibles: les jours y sont chauds; les nuits fraîches, même froides

Production du sol.

Les principales productions de l'Algérie sont les céréales, la vigne, le tabac, l'alfa, les huiles, l'olivier, les dattes, les oranges, les mandarines, les bananes, et autres fruits savoureux des pays chauds, les plantes légumineuses etc.
La culture de céréales s'étend sur près de 3 000 000 d'hectares produisant plus de 22 000 000 de quintaux de blé, orge et avoine.
La superficie des plantations de vigne est de 155 000 hectares donnant plus de 5 000 000 d'hectolitres de vin.
De nombreux moulins produisent 150 000 hectolitres d'huile d'olive.
Les forêts de l'Algérie occupent plus de 3 000 000 d'hectares, dont 455 000 de chênes-liège donnant annuellement 160 000 quintaux de liège.
Près de 100 000 000  de quintaux d'alfa sont récoltés chaque année. La plus grande partie est emportée en Angleterre pour servir à la fabrication du papier.
La colonie possède plus de 13 000 000 de têtes de bétail. Dans ce nombre figurent les chevaux et mulets pour 350 000, les bœufs pour plus de 1 000 000 et les moutons pour près de 8 000 000 sur lesquels 1 000 000 sont importés chaque année en France, représentant 20 000 000 de francs.

Mines.

L'Algérie possède de nombreuses mines de fer, de cuivre, de zinc, de plomb, d'antimoine, etc. dont plusieurs sont en exploitation; des carrières de marbres et d'onyx et 173 sources thermales ou minérales dont quelques-unes ont donné lieu à la création d'importants établissements.
Ajoutons à ces richesses la récente découverte de grands gisements de phosphates de chaux exploités par quatre Sociétés qui extraient annuellement près de 300 000 tonnes du précieux engrais.

Industrie.

Faute de houille qu'on ne désespère cependant pas de découvrir un jour, l'industrie ne peut encore prendre dans la colonie le développement que comporterait le traitement sur place des matières premières, telles que les minerais, les phosphates et l'alfa.
Parmi les industries qui ont pris un grand essor, il faut citer la minoterie, la distillerie des essences, la tannerie, la poterie, la fabrication des tabacs, des allumettes, des tapis, des chaux hydrauliques, du ciment et du plâtre.

Commerce.

Le commerce entre l'Algérie, la France et l'Etranger (entrées et sorties), qui ne s'élevait au début de la conquête qu'à 5 000 000 de francs, atteint aujourd'hui la somme de 666 263 000 fr.

Importations de France: .......  260 422 fr.
            _            de l'Etranger:....  59 426 fr.
                                                       ________
                                                       319 848 fr.

Exportations de France: ....... 279675 fr.
             _            de l'Etranger:... 66 740 fr.
                                                     ________
                                                    346 415 fr.

La part de la France dans cet important mouvement est de 81 p. 100 à l'exportation et autant à l'importation, dont 70 p. 100 est effectué sous pavillon français.


Comment on devient colon.

Pour faire un bon colon, il faut tout d'abord avoir de la santé, du courage, l'amour du travail et des aptitudes agricoles; un petit capital est également nécessaire pour l'installation de la famille et la mise en valeur du sol.
Une somme de 6 000 francs au minimum est jugée nécessaire pour la location et l'exploitation d'une ferme. Voici le détail des dépenses que nécessite cette installation:

Location annuelle..................................   800 fr.
4 bœufs de labour..................................   600 fr.
4 vaches et 15 taurillons de 40 francs...   900 fr.
1 cheval..................................................   150 fr.
Basse-cour.............................................     50 fr.
Instruments agricoles: charrette, 250 fr.
harnais, 80 fr.; herse, 40 fr.; charrue,
40 fr.; divers, 40 fr.: ensemble.............    500 fr.
Semences..............................................     250 fr.
Paille.....................................................     150 fr.
Dépenses pour la nourriture et l'entre-
tien de la famille pendant un an............1 200 fr.
Imprévu et réserve.................................1 400 fr.
                                                                      _______
                                           Total                   6 000 fr.

Les concessions.

Le calcul n'est plus le même s'il s'agit d'une concession gratuite obtenue de l'Etat.
Dans ce cas les dépenses doivent être établies de la façon suivante:

Construction d'une maison
(2 pièces de 3m sur 3 m)..................... 1 000 fr.
Hangar-étable en bois et tuile 
au début..............................................     600 fr.
2 vaches et 8 taurillons de 40 francs...   900 fr.
Un attelage de boeufs en état de faire
un bon travail.......................................   300 fr.
Basse-cour.............................................     50 fr.
Instruments agricoles: charrette, 250 fr.
harnais, 80 fr.; herse, 40 fr.; charrue,
40 fr.; divers, 40 fr.: ensemble.............   500 fr.
Semences..............................................    250 fr.
Paille.....................................................    100 fr.
Dépenses pour la nourriture et l'entre-
tien de la famille pendant un an............1 200 fr.
Imprévu et réserve.................................1 540 fr.
                                                                     ________
                    Total                                         6 000 fr.

Le Gouvernement général de l'Algérie met gratuitement à la dispositions des agriculteurs français des lots de terrains de 30 à 40 hectares situés dans des villages créés et munis par ses soins des services publiques indispensables (mairie, école, église, bureau de poste, lavoir, abreuvoir, etc.)
Condition pour obtenir une concession gratuite: être Français, de bonne vie et mœurs, marié, cultivateur de profession et posséder une somme liquide de  5 à 6 000 francs. Ce petit capital est reconnu nécessaire comme on vient de le voir pour mettre la concession en valeur et permettre d'attendre les premières récoltes.
Les concessionnaires sont transportés en Algérie à demi-tarif par les chemins de fer, et gratuitement pour la traversée.
Des concessions plus étendues, dites lot de ferme, sont également données à titre gratuit par le gouvernement général à ceux qui possèdent un capital proportionné à l'importance du lot.
La demande de concession (sur papier timbré) doit être adressée au Gouverneur général, à Alger, et être accompagné d'un extrait de casier judiciaire, d'un extrait du rôle des contributions et d'un certificat du conservateur des hypothèques dans le cas où le demandeur posséderait des propriétés.
Les jeunes gens établis en Algérie ne sont astreints qu'à une année de service militaire, qu'ils effectuent dans la colonie.
Le Gouvernement général de l'Algérie a institué à Paris un Service de renseignements généraux et de la colonisation, actuellement installé au Palais-Royal, 34, galerie d'Orléans, chargé de fournir aux intéressés, sur simple demande verbale ou écrite, tous les renseignements relatifs à la colonisation libre ou officielle, au commerce et à l'industrie. Ce service publie un Bulletin hebdomadaire.
Si le colon se montre réservé au début dans le choix des cultures, afin de ne pas sacrifier son petit capital en pure perte, s'il s'adonne d'abord à la culture des céréales et des fourrages, à l'élevage du bétail et ne se hasarde qu'avec beaucoup de circonspection dans la culture de la vigne et dans l'acquisition de coûteux instruments aratoires; s'il est travailleur, économe, il a de grandes chances de réussite, surtout s'il est à proximité d'un centre.
Il n'est pas une ville, pas un centre de colonisation qui ne soit relié aujourd'hui aux ports d'embarquement par des routes ou des chemins de fer.
Les principaux ports sont Alger, Oran, Bône, Philippeville, Mostaganem et Bougie desservis par de nombreux paquebots faisant des services réguliers entre la France et l'Etranger.


Le réseau ferré est exploité par 6 compagnies et son étendue est de 2 905 kilomètres qui va prochainement être complétée. La colonie est, en outre, sillonnée par 10 routes nationales formant une longueur de 2 917 kilomètres et par des routes et chemins carrossables comprenant un développement de 27 000 kilomètres.
Les principaux débouchés de l'Algérie sont, indépendamment de la France, qui reçoit de sa colonie des céréales, du vin, du bétail, des fruits et des légumes, des acides, du crin végétal, de l'alfa, des peaux des phosphates, des lièges, etc., 
-l'Angleterre, qui exporte une grande quantité de minerai de fer, de l'alfa, des phosphates et des écorces à tan;
-l'Espagne qui reçoit de l'alfa, des phosphates, des meubles et ouvrages en bois; 
-l'Italie, qui est tributaire de la colonie pour le phosphate, le crin végétal.

Almanach Hachette, petite encyclopédie populaire de la vie pratique, 1902.

mercredi 17 février 2021

 L'Algérie à 9 heures du continent.


Les beautés naturelles de l'Algérie, le charme de son ciel toujours bleu et de ses deux printemps, celui "d'en-haut" qui commence en février-mars, et celui "d'en-bas" qui reverdit et fleurit en octobre; la douceur exceptionnelle des hivers à Oran, à Alger surtout et dans les villes du Sud, attirent chaque année un nombre de plus en plus grand de touristes et d'hiverneurs. Beaucoup, jusqu'ici, ont été retenus, effrayés d'une traversée de 30 à 40 heures. Mais aujourd'hui le problème de l'excursion en Algérie sans mal de mer vient d'être résolu par la Cie Transatlantique qui a organisé un service régulier de grands paquebots entre Carthagène et Oran, dont le trajet s'effectue en 9 heures.
Une fois à Oran, le voyageur peut se transporter à Alger, Constantine et Tunis, et de Tunis, en 10 heures de paquebot, il rejoindra Palerme, et de là continuera son voyage à travers l'Italie.
La Cie Transatlantique, la Cie des chemins de fer Paris-Lyon-Méditerranée, les agences de voyage délivrent des billets de voyages circulaires à prix réduits. Quant aux premiers hôtels, leurs prix sont modérés: 10 à 12 francs par jour, tout compris. Si, à Alger, on prend tout simplement une chambre à l'hôtel, le prix varie de 2 fr. 50 à 5 fr. par jour. On déjeune et l'on dîne copieusement dans les grandes brasseries au prix fixe de 2 fr., vin à discrétion.
Pour un séjour prolongé, on peut s'adresser à Oran, au Syndicat d'initiative de l'Oranie, à Alger au Comité d'hivernage algérien, qui tous deux se mettent gratuitement à la disposition des hiverneurs pour les renseigner sur les logements, les hôtels, les restaurants, le prix de la vie, les excursions, les curiosités du pays, etc.

Almanach Hachette, petite encyclopédie populaire de la vie pratique.

 Les théâtres et concerts parisiens.



































































Almanach Hachette, petite encyclopédie populaire de la vie pratique, 1901.

mardi 16 février 2021

 Eclairez-vous à l'acétylène.


C'est aujourd'hui un principe établi que l'acétylène a un pouvoir éclairant quinze fois plus fort que celui du gaz de houille et qu'il fait réaliser une économie de 50 p. 100 sur tous les autres modes d'éclairage. La merveilleuse clarté de sa flamme veloutée et sa grande facilité de production, font que cette reine de la lumière est devenue la grande favorite du public.
D'ores et déjà quantité de commerçants et d'industriels profitent des bienfaits de l'acétylène, dont les applications sont si variées. Mais c'est à la campagne surtout que l'acétylène substitut sa merveilleuse clarté à la pâle lueur des lampes à pétrole, dont l'emploi est si désagréable.
La Société Française Pesnell et Cie a établi des appareils qui sont une merveille de construction: point d'accessoires encombrants ni d'impedimenta. Dame simplicité ne saurait rêver mieux: une cloche, une cuve, deux tiroirs et c'est tout.



Ce type d'appareil, dénommé "Le Triomphe" a été adopté par les ministères des Travaux Publics et de l'Agriculture.
Le Directeur de la Société Française Pesnell et Cie, 104, rue Amelot, Paris se fera un plaisir d'envoyer franco les catalogues illustrés avec devis aux personnes intéressées.

Almanach Hachette, petite encyclopédie populaire de la vie pratique, 1902.

La presse de Paris.



 






























La presse de province.






















Almanach Hachette, petite encyclopédie populaire de la vie pratique, 1902.