Le quartier des Tournelles.
Le quartier Saint-Antoine, à Paris, était devenu l'un des plus importants de la capitale, depuis que Charles V, alors dauphin, avait fait construire l'hôtel Saint-Paul, dans la rue de ce nom, et l'avait converti en un séjour royal (1364).
Du côté opposé de la rue Saint-Antoine, vis-à-vis les immenses jardins et dépendances de ce palais, qui s'étendaient sur toute la surface comprise depuis la rue Saint-Paul jusqu'à la Bastille, s'élevait un hôtel appartenant à Pierre d'Orgemont, chancelier de France, dont le fils, évêque de Paris, fit la vente à Jean de France, duc de Berry, en 1404.
Celui-ci le céda au duc d'Orléans en échange de l'hôtel de Gixe, vers 1422. Lorsque Paris tomba au pouvoir des Anglais, le duc de Bedford, régent du royaume pour Henri V et Henri VI, rois d'Angleterre, s'empara de cet hôtel où il établit sa demeure. Plus qu'aucun de ses prédécesseurs, Bedford embellit et développa l'étendue de ce séjour qui devint vraiment royal; il y joignit huit arpents et demi qu'il fit acheter par la Ville aux religieux de la culture Sainte-Catherine. Ce fut sans doute à cette époque d'agrandissement qu'on éleva, dans l'enceinte, de nombreuses tours ou tournelles, desquelles le palais prit son nom, car l'Anglais dut songer à s'y fortifier, et notre gravure fait voir des tours sur une étendue assez grande pour admettre qu'elle représente, non pas l'hôtel des d'Orgemont, mais le palais tel qu'il était lorsque les rois l'habitèrent.
Quelques détails de cette même vue viennent du reste confirmer cette opinion. Le dessinateur y a représenté au delà d'une ligne de tours placées très-près les unes des autres, un grand bâtiment, trop vaste pour une habitation particulière; derrière cet édifice et une seconde ligne de tours, sont figurées les plantations de haute futaie qui ornaient les jardins et abritaient de nombreux viviers, plusieurs chapelles entourées de préaux, douze galeries, deux parcs, six grands jardins, un labyrinthe nommé Dedalus, puis un grand parc de neuf arpents que le duc de Bedford faisait labourer.
Telle était l'ensemble de cette habitation, à laquelle louis XI, après y avoir succédé aux rois ses prédécesseurs, qui n'avaient cessé d'y demeurer depuis l'expulsion des Anglais, fit encore des additions, entre autres celles d'une demeure et d'un observatoire pour le docteur Coictier.
Louis XII mourut au palais des Tournelles, le 1er janvier 1515; lorsque Henri II, donnant un tournois dans la rue Saint-Antoine, devant la façade de ce palais, le 15 juillet 1559, y reçut de Montgommery un coup de lance qui l'atteignit à l’œil, il fut transporté dans l'habitation royale et y mourut. Par suite de cet événement, Charles IX transporta l'habitation au Louvre, et fit démolir le palais des Tournelles en 1565 et 1569, par ordre du parlement. Cet édifice, en raison de son origine privée et des achats successifs qui avaient été faits aux religieux de Sainte-Catherine, était sous leur censive et leur payait rente, bien qu'il fût un séjour royal. François 1er, tout en déclarant que le roi ne pouvait relever de personne, et qu'au contraire tous les sujets relevaient du roi, conserva cependant aux moines leurs privilèges à l'égard du palais des Tournelles.
Henri IV, projetant sur les terrains de cet édifice la construction de la place Royale et des rues adjacentes, les affranchit des droits qu'y percevaient les religieux de Sainte-Catherine, mais il leur donna en échange la censive de vingt-six maisons situées dans la quartier Montorgueil, et dont la valeur était équivalente. Ce fut dans quelques bâtiments encore debout du palais des Tournelles, que Henri IV fit établir la première manufacture de tapisseries à l'instar de celles que l'on fabriquait en Flandre, d'où il fit venir environ deux cents ouvriers. Cet établissement ayant été peu commodément établi dans le premier local donné par le roi, on en fit construire un autre vis-à-vis une grande place dépendant du palais, et qui est devenue la place Royale.
Notre dessin qui donne l'aspect ancien de l'habitation royale des Tournelles, fait voir aussi, à l'extrémité de la rue Saint-Antoine, le château de la Bastille. Auprès de ce château était une entrée de la ville, défendue par deux tours, et la porte Saint-Antoine, qui fut refaite au seizième siècle sous la forme d'un arc de triomphe, enrichi des célèbres sculptures de Jean Goujon, déposées aujourd'hui au Musée du Louvre. Plus loin on voit le clocher de l'abbaye Saint-Antoine; à gauche vers l'horizon, s'élèvent les tours du château de Vincennes.
Le magasin pittoresque, mars 1851.
Celui-ci le céda au duc d'Orléans en échange de l'hôtel de Gixe, vers 1422. Lorsque Paris tomba au pouvoir des Anglais, le duc de Bedford, régent du royaume pour Henri V et Henri VI, rois d'Angleterre, s'empara de cet hôtel où il établit sa demeure. Plus qu'aucun de ses prédécesseurs, Bedford embellit et développa l'étendue de ce séjour qui devint vraiment royal; il y joignit huit arpents et demi qu'il fit acheter par la Ville aux religieux de la culture Sainte-Catherine. Ce fut sans doute à cette époque d'agrandissement qu'on éleva, dans l'enceinte, de nombreuses tours ou tournelles, desquelles le palais prit son nom, car l'Anglais dut songer à s'y fortifier, et notre gravure fait voir des tours sur une étendue assez grande pour admettre qu'elle représente, non pas l'hôtel des d'Orgemont, mais le palais tel qu'il était lorsque les rois l'habitèrent.
Quelques détails de cette même vue viennent du reste confirmer cette opinion. Le dessinateur y a représenté au delà d'une ligne de tours placées très-près les unes des autres, un grand bâtiment, trop vaste pour une habitation particulière; derrière cet édifice et une seconde ligne de tours, sont figurées les plantations de haute futaie qui ornaient les jardins et abritaient de nombreux viviers, plusieurs chapelles entourées de préaux, douze galeries, deux parcs, six grands jardins, un labyrinthe nommé Dedalus, puis un grand parc de neuf arpents que le duc de Bedford faisait labourer.
Telle était l'ensemble de cette habitation, à laquelle louis XI, après y avoir succédé aux rois ses prédécesseurs, qui n'avaient cessé d'y demeurer depuis l'expulsion des Anglais, fit encore des additions, entre autres celles d'une demeure et d'un observatoire pour le docteur Coictier.
Louis XII mourut au palais des Tournelles, le 1er janvier 1515; lorsque Henri II, donnant un tournois dans la rue Saint-Antoine, devant la façade de ce palais, le 15 juillet 1559, y reçut de Montgommery un coup de lance qui l'atteignit à l’œil, il fut transporté dans l'habitation royale et y mourut. Par suite de cet événement, Charles IX transporta l'habitation au Louvre, et fit démolir le palais des Tournelles en 1565 et 1569, par ordre du parlement. Cet édifice, en raison de son origine privée et des achats successifs qui avaient été faits aux religieux de Sainte-Catherine, était sous leur censive et leur payait rente, bien qu'il fût un séjour royal. François 1er, tout en déclarant que le roi ne pouvait relever de personne, et qu'au contraire tous les sujets relevaient du roi, conserva cependant aux moines leurs privilèges à l'égard du palais des Tournelles.
Henri IV, projetant sur les terrains de cet édifice la construction de la place Royale et des rues adjacentes, les affranchit des droits qu'y percevaient les religieux de Sainte-Catherine, mais il leur donna en échange la censive de vingt-six maisons situées dans la quartier Montorgueil, et dont la valeur était équivalente. Ce fut dans quelques bâtiments encore debout du palais des Tournelles, que Henri IV fit établir la première manufacture de tapisseries à l'instar de celles que l'on fabriquait en Flandre, d'où il fit venir environ deux cents ouvriers. Cet établissement ayant été peu commodément établi dans le premier local donné par le roi, on en fit construire un autre vis-à-vis une grande place dépendant du palais, et qui est devenue la place Royale.
Notre dessin qui donne l'aspect ancien de l'habitation royale des Tournelles, fait voir aussi, à l'extrémité de la rue Saint-Antoine, le château de la Bastille. Auprès de ce château était une entrée de la ville, défendue par deux tours, et la porte Saint-Antoine, qui fut refaite au seizième siècle sous la forme d'un arc de triomphe, enrichi des célèbres sculptures de Jean Goujon, déposées aujourd'hui au Musée du Louvre. Plus loin on voit le clocher de l'abbaye Saint-Antoine; à gauche vers l'horizon, s'élèvent les tours du château de Vincennes.
Le magasin pittoresque, mars 1851.
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