Le nouveau théâtre de l'opéra à Paris.
On construit maintenant à Paris pour le grand opéra un théâtre qui sera une des merveilles de cette capitale qui possède déjà tant de grands monuments.
La gravure ci-jointe présente la façade du côté du boulevard.
La distribution intérieure de l'édifice est parfaite; l'architecte a su isoler les uns des autres, six services bien distincts: celui du public proprement dit, celui des abonnés, celui de l'Empereur, la salle, la scène et l'administration.
Les personnes qui prennent leurs billets aux guichets des bureaux, s'engagerons sous des portiques latéraux donnant accès au contrôle, à droite et à gauche du monument, à des escaliers qui conduisent aux diverses places qui leur sont réservées.
Le pavillon des abonnés est percé au rez-de-chaussée d'arcades qui permettent l'entrée et la sortie de plusieurs voitures à la fois. Il communique avec un salon d'attente de forme circulaire.
De ce salon, les abonnés passeront dans le vestibule où se trouvera l'escalier d'honneur, construction vraiment monumentale, décorée de belles arcades à plein cintre, coupées dans leur hauteur par les balcons des couloirs des différents étages. Grâce à cette ingénieuse disposition, les spectateurs des loges supérieures pourront assister à l'arrivée et à la sortie des spectateurs des premières loges. Entre le salon circulaire et le vestibule, une salle d'attente réservée aux valets de pied leur permettra d'observer la sortie de leurs maîtres, afin de faire avancer les voitures en temps utile.
Les foyers, en communication directe avec la salle, occuperont toute la largeur de la façade vers le boulevard. Ils seront au nombre de deux, superposés et flanqués tous deux d'une promenade en plein air. Des fumoirs seront établis dans les galeries latérales de l'édifice.
Le pavillon occidental, affecté à l'entrée de l'Empereur, sera précédé d'une double rampe, permettant aux voitures d'arriver sous un vestibule couvert, d'où un escalier conduit, à droite à la loge impériale, à gauche à un salon et à des appartements réservés. La salle reproduira la disposition de la salle actuelle, de la rue Lepeletier, aussi belle d'ordonnance que favorable aux lois de l'acoustique.
L'ornementation, la ventilation et l'éclairage du théâtre seront combinés avec soin. La salle actuelle, rue Lepeletier, renferme 1.950 places; la nouvelle en contiendra beaucoup plus. Le maximum des recettes, qui ne peut dépasser aujourd'hui 9.800 fr. par soirée, pourra, dit-on, s'élever jusqu'à 16.000 fr.
La scène aura 15 mètres d'ouverture, c'est à dire 2 mètres de plus que celle de la rue Lepeletier. Le service en sera rendu facile par l'établissement, à droite et à gauche, de dépôts provisoires de décors. Les loges des artistes et des comparses seront vastes et bien disposées.
De grands magasins, des remises pour les pompes à incendie, des corps de garde, un musée d'armures, des galeries d'accessoires, des archives pour les partitions, une bibliothèque et des bureaux de copistes, formeront avec les logements de fonctionnaires et d'employés, la partie septentrionale des constructions, suffisamment distincte du reste de l'édifice, et dont la façade, sur la rue Neuve-des-Mathurins, se relie bien aux grandes lignes des façades latérales.
Nous signalerons enfin plusieurs innovations, telles que: une entrée particulière et un foyer spécial pour les musiciens de l'orchestre; un escalier particulier pour les princes et les ministres; un salon de glacier établi dans le pavillon de l'est, avec escalier de service, laboratoires, buffets, etc. Les constructions couvriront une superficie de 11.236 mètres carrés, le double de l'Opéra actuel avec ses dépendances; or 14.000 mètres ayant été affectés au nouvel édifice et à ses abords, 2.774 mètres resteront pour les squares et les plantations. Les travaux ont commencé le 1er août 1861; ils doivent être terminés en trois ans et coûter 16 millions de francs environ.
La semaine des enfants, 27 avril 1864.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire