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mercredi 26 novembre 2014

Du théâtre chinois.

Du théâtre chinois.

Le drame chinois ne se borne pas à une seule action, il embrasse la vie entière du héros depuis le berceau jusqu'à sa mort. C'est une sorte de biographie dialoguée, divisée en plus ou moins de parties. Chaque partie est précédée d'un prologue, et tout acteur a soin, la première fois qu'il se présente au public, de décliner le nom qu'il porte dans la pièce, et le caractère qu'il doit représenter. Un acteur remplit souvent plusieurs rôles dans la même pièce, chose peu faite pour entretenir l'illusion. Dans les mouvements passionnés, l'acteur cesse de déclamer, et exprime ses sentiments par le chant. Un orchestre fort bruyant accompagne ces morceaux lyriques qui sont écrits en vers, et la tragédie chinoise acquiert pas là quelque ressemblance avec notre opéra.
Il n'y a de théâtres réguliers que dans la capitale et dans quelques ville considérables de l'empire. Les comédiens voyagent de contrée en contrées et gagnent leur vie à jouer aux fêtes et aux banquets. Quand la société est prête à se mettre à table, trois ou quatre comédiens richement vêtus entrent dans la salle. Après quatre saluts des plus humbles, l'un d'entr'eux remet au plus distingué des convives, un livre où sont écrits en lettre d'or, les titres de cinquante ou soixante pièces qui forment le répertoire de la troupe. Ce livre fait le tour de la société, et le chef du banquet désigne enfin la pièce qu'il a choisie.
La représentation a lieu dans la salle même du repas. Les acteurs occupent l'espace complet compris entre les tables ordinairement disposées sur deux rangs.
Aux grandes fêtes et aux processions publiques, on élève des théâtres dans les rues, et l'on donne alors des représentations scéniques du matin au soir.
Un auteur chinois qui jouit d'une certaine réputation n'écrit point pour le théâtre. L'empereur chinois défendit sévèrement aux mandarins de fréquenter le spectacle. Cette défense a été renouvelée récemment, et l'officier mandchou qui veut aller au théâtre doit auparavant ôter de son bonnet les petits grelots en couleur qui sont la marque distinctive de son rang.
Les journaux chinois recueillent avec empressement, tous les traits qui peuvent honorer les mœurs, le caractère de la nation, mais un journaliste s'exposerait à des peines sévères s'il osait donner la description d'une représentation dramatique, ou faire la moindre allusion à l'accueil d'une pièce nouvelle.

Magasin universel, 2 octobre 1834.

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