Hygiène de la table.
De l'ordonnance d'un bon repas chez les anciens.
Le poète épique romain Varron qui vivait environ un siècle avant notre ère, a écrit un livre très intéressant, intitulé: Vous ne savez pas ce que le soir vous prépare, et dont on trouve une analyse dans les Nuits attiques d'Aulu Gelle. C'est le tableau d'une partie de table charmante, du nombre des convives, du fond et des ornements des repas.
L'auteur dit que le nombre des personnes invitées doit égaler celui des Grâces, mais ne point excéder celui des Muses; ainsi, toujours trois au moins, et jamais plus de neuf. "Trop de monde, ajoute-t-il, rend une fête trop bruyante; aussi les Grecs et les Romains ne rassemblaient jamais plus de neuf personnes à leur table.
Il faut ensuite quatre choses pour l'ordonnance parfaite d'un repas agréable: une société riante et polie, un endroit bien choisi, une heures convenable et un service soigné.
D'impitoyables discoureurs et des taciturnes apathiques y seraient déplacés; laissons l'éloquence et les contestations au barreau, et les rêveries au cabinet."
Pour notre auteur, les dissertations sur les affaires embrouillées ou épineuses ne peuvent devenir l'assaisonnement d'une fête; la salle ne doit retentir que de propos riants et gracieux, de conversations amusantes qui unissent le plaisir à l'utilité, faites pour orner l'esprit et l'égayer.
"Pour cela, dit-il, qu'on s'entretiennent familièrement des choses qui ont rapport à l'usage de la vie, dont on ne peut s'occuper ni au barreau, ni dans le cours des affaires. L'hôte doit plus chercher à s'éloigner d'une avarice déshonorante qu'à étaler un luxe inutile; il n'est pas nécessaire que les mets soient exquis; il faut préférer ceux qui flattent le goût sans nuire à la santé."
Enfin Varron touche un mot de la composition de dessert. Il recommande spécialement les fruits, et, pour lui, les plus sains sont ceux dont la saveur naturelle n'a été corrompue par aucun assaisonnement étranger. Il cite à ce propos un vieux proverbe grec qui dit que les raffinements de la sensualité nuisent à la santé.
Comme on voit, les anciens ne dédaignaient pas les plaisirs de la table et les conseils de Varron sont pleins de sagesse. Les modernes pourraient encore en tirer profit. Du reste, dans une série d'articles qui suivront, nous indiquerons à nos lecteurs la valeur nutritive des principaux aliments et sous quelle forme ils peuvent être absorbés le plus utilement et le plus agréablement.
Les annales de la santé, janvier 1909.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire