Cimetière de Montivilliers (seine-inférieure).
Jadis, sur l'emplacement du cimetière que notre dessin représente, Jacques Deschamps, vicomte de Montivilliers, habitait un château dont la situation au milieu d'une charmante vallée devait faire un séjour aussi riant qu'il est triste aujourd'hui; un jour, une fille de ce seigneur tomba dans un puits et mourut. Désespéré, Jacques Deschamps ne voulut plus vivre en ces lieux: il transforma sa demeure en cimetière et fit élever une croix à la place du puits où avait péri sa fille; on rapporte que son projet avait été d'entourer ce "champ de paix" d'un beau cloître.
Il mourut en 1520 ou 1525, comme l'indique la date un peu effacée de la pierre tombale placée à l'entrée de la chapelle, où il est représenté avec le costume du seizième siècle.
La croix est gothique à l'exception du sommet; mutilée à l'époque des guerres de religion, elle fut restaurée, en 1600, par Beuriot, vicomte de Montivilliers, qui, sans souci de l'ensemble du monument, fit refaire au goût de son temps la petite croix qui le surmonte.
Le cloître, commencé selon les instructions de Jacques Deschamps, est de style renaissance; la voûte a conservé la forme ogivale. Il est, du reste, construit en charpente sauf le mur extérieur et la chapelle. Sur les piliers plus ou moins mutilés, on voit des écussons où quelques fragments de peinture figurent une danse macabre, et les instruments de la Passion.
En 1830, on a détruit, dans l'attique du cloître, un charnier formé de têtes superposées avec deux os intercalés entre chacune.
Nos lecteurs n'ont sous les yeux que deux des côtés du cloître. Sur le troisième est la chapelle; des bas-reliefs y représentent la Résurrection de Lazare et les armes du fondateur; et des fresques, recouvertes d'un badigeon dont on n'a pu les débarrasser, figuraient l'Enfer, le Purgatoire et la Paradis.
Le magasin pittoresque, mai 1876.
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