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mardi 4 août 2015

Les baisers de la négresse.

Les baisers de la négresse.

Ceci est une histoire non seulement chaste mais fort morale, à nous contée par un prêtre, au retour de son dernier voyage en Amérique.
- J'aime beaucoup le Nouveau-Monde, nous disait le ministre de Dieu, parce que les lois s'opposent, là-bas, aux ridicules exploits des galantins. Témoin ce délicieux procès qui fut jugé devant moi.
" Mlle Fanny Milk, une négresse, demandant 5.000 dollars de dommages-intérêts à son maître James Kisslowe, pour non exécution de son engagement au mariage.
"- M. James Kisslowe, avoue la plaignante au tribunal, m'a courtisé durant quatorze années. Il m'a dérobé, en me promettant le mariage, 1.236 baisers. Je demande réparation.
"- Permettez, madame, observe ce libertin de James, vos chiffres sont outrageusement majorés.
"- Non, monsieur. J'ai compté."



"Les juges observent avec intérêt cette demoiselle qui tient si bien en règle ses affaires de cœur. Et l'un d'eux demande au fermier:
"- Quel est votre compte, James Kisslowe?
"- Je ne sais, avoue le coupable, il me semble pourtant....
"- Il vous semble à tort! réplique la négresse. Aujourd'hui, il vous faut épouser ou payer!"
C'est le sentiment du tribunal qui condamne le fermier à verser à son ancienne fiancée noire 3.000 dollars. Chaque baiser à la négresse coûtera au malheureux homme environ 2 dollars et demi (12, 50 Fr).
Mais James Kisslowe veut, dit-on, en appeler de ce jugement. En bon Américain, il prétend que les baisers noirs ne devraient pas être taxés au même prix que les autres! Quel ingrat!

Mon Dimanche, Revue populaire illustrée, 5 mars 1905.

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