Le costume de la femme arabe en Algérie.
Le costume de la femme arabe du peuple, dit un voyageur, consiste en une habaya serrée à la taille par un cordon. Dans la rue, la habaya est couverte d'un haïk ou manteau laissant voir les pieds nus ornés d'anneaux de métal. Les longues boucles d'oreilles sont cachées par les tresses d'une riche chevelure, tandis qu'une quantité de colliers, d'amulettes, de perles de corail ou de verre s'étalent sur le cou et le sein tatoué, mais nu. Tous ces ornements sont la propriété personnelle de la femme arabe, elle s'en pare avec plaisir et le plus souvent qu'elle peut. Elle teint ses mains parfois, ses ongles toujours, avec le henné, qui leur donne une couleur jaune orangée, et se noircit les cils avec du koheul.
Avant le temps de Mahomet, on ne connaissait pas l'adjar, et c'est la propre jalousie du Prophète qui a condamné les femmes musulmanes à avoir toute leur vie le visage couvert de ce voile. Or, cette loi de Mahomet n'a pas peu contribué à rabaisser la condition sociale de la femme musulmane vis-à-vis des hommes. Quand les femmes arabes le peuvent, elle ne se gênent pas pour écarter ce voile qui non seulement cache leurs charmes, mais encore les empêche de respirer l'air libre, de sorte qu'on les voit souvent dévoilées quand il n'y a pas d'Arabe dans le voisinage. Quand elles en voient un s'approcher, elles baissent tout de suite le voile, mais quand elle rencontre un roumi, elles ne sont plus aussi scrupuleuses, de sorte qu'on a souvent l'occasion de voir leur visage.
En Kabylie, l'adjar n'est pas porté, car les Kabyles traitent leurs femmes comme leurs égales et ne sont pas aussi soupçonneux que les Arabes. Les jeunes femmes arabes et maures couvrent leur visage, parce que c'est ordonné; les vieilles trouvent l'adjar convenable, parce qu'il cache leurs traits, et elles tiennent peut être encore plus que leurs maris à ce qu'on le porte, faisant par envie ce que les hommes font par défiance. Quelques femmes ne laissent voir qu'un œil; elles tirent pour cela le manteau qui les couvre de la tête aux pieds, sur leur figure, et n'y ménagent qu'une petite ouverture.
Nous avons souvent, dans nos courses autour d'Alger, rencontré des femmes ainsi enveloppées, qui, en nous voyant les considérer curieusement, faisaient tout à coup tomber le rideau qui ne laissait voir qu'un œil noir, et nous permettaient d'examiner une figure qui n'avait nulle raison d'être cachée. Elles faisaient cela gaiement, avec un regard qui semblait dire: Etes-vous satisfait?...
Journal des Voyages, 17 octobre 1886.
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