Tuybelim philosophe.
"Tenez bien la corde, vous autres, dit Tuybelim, et pour rien au monde ne bougez! Vous verrez comme pour mon artifice sortira la bête de son repaire." Et le voilà qui crie d'une voix dolente.
"Toc, toc, toc, c'est moi Baudry, fils de feu ton vieil ami Baudry Baudrat, qui reviens pauvre pèlerin de la Terre sainte et n'ait point de logis dans Angers ni ailleurs. Donne moi souper et gîte, et Dieu te le rendra."
La porte reste close.
"Toc, toc, toc, reprend Tuybelim, ouvre-moi, Landry. Je suis Pierre Poussepain. L'argent que je te prêtai jadis quand tu as pris ta maîtrise me faut bien aujourd'hui. Je n'ai pu payer la taille et les sergents du roi m'ont mis hors de chez moi. Ouvre-moi, Landry, ouvre-moi."
On n'entend rien bouger.
"Tuybelim se moque, dit Angoulevent à François; nous faut-il rester jusqu'à demain? Jamais on n'ouvrira cet huis maudit."
Mais le bon Tuybelim a voulu en donner à garder à ses compaings. Tuybelim fait la bête et sait comment il faut agir pour hâter le dénouement. Il attend un peu et reprend:
"Toc, toc, toc, ouvrez vite, monsieur Landry. je porte un sac d'argent qui lourdement pèse sur mes pauvres épaules. C'est de la part de M. Gérin votre débiteur."
On entend du bruit tout aussitôt. La lumière brille aux fentes de la porte, qui s'ouvre vite, et M. Landry paraît sa chandelle à la main. Il prend son pied en la corde et son front se précipite en avant.
A sa chandelle s'enflamment ses vilains cheveux roux, et de si bon cœur rient les fous qu'Angoulevent ne peut s'empêcher de dire:
"Bien joué, Tuybelim, bien joué mon amy!"
Grand Almanach Français illustré, 1891.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire