D'une hallebarde qui devint brochette de volaille.
"Au larron! au larron! Monsieur l'archer, monsieur l'archer, êtes-vous sourd? crie la grosse Oudarde.
- Hi, hi, hi, font les fols qui rient aux larmes.
- Coin, coin, coin! hurlent les povres canards pendus à la lance du sergent de la prévôté qui, seul, ne dit rien et continue fièrement sa marche, car il est sourd, sourd comme le pot de fer qui couvre son chef.
Il est près de passer sous les fenêtres de Monsieur le Séneschal. Il songe à ne pas se départir de l'air terrible et majestueux qu'il porte en tous lieux, quand il est sous le harnois s'entend. Par bonheur une secousse ébranle avec le fer de sa lance la confiance qu'il a en lui et en son port martial.
A peine se dut-il retourné que d'horreur et de colère le visage lui mua. Quoi! ces coquins le voulaient faire passer pour dérobeur de volailles! Ce pensement lui glace tout le sang en ses veines. Quelle honte pour lui s'il fût passé en cet équipage devant l'hôtel du Séneschal.
Tuybelim détale, Angoulevent, qui avait machiné cette belle ruse, le suit en criant: "J'ai gagné!, j'ai gagné! Oncques ne trouverez rien qui soit plus drôlatique."
Oudarde, délivrée des mains qui la tenaient, montre le poing aux gracieux galants.
Le sergent pointe en avant sa hallebarde et, criant comme un sourd, fonce sur les fous qui tirent leurs grègues.
"Truands! marauds! faquins! ribauds!
- Ribauds!" reprend Oudarde qui de colère étrangle le canard reconquis.
Et nos amis, serrés de près, détalent par la rue Tulibale plus étroite que la hallebarde du sergent, qui s'attarde aux détours et ne les voit pas se glisser en l'église Cathédrale.
Grand Almanach Français illustré, 1891.
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