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vendredi 28 août 2015

Course à l'abîme.

Course à l'abîme.

Horreur! Horreur! Horreur! Les pauvres Angevins arrachés à leur lit sont saisis par la bande. De force on les enlève, on les tire du logis, on les traîne, on les pousse, on les secoue tremblants, frissonnants, hurlants, reculants, culbutants, gémissants, étranglants avec cris et menace, sarcasmes et jurons.



"Hop! hop! hop! dépêchons! tôt! tôt! Satan nous attend, déjà brasiers sont allumés et fourches aiguisées! Dépêchons! Ha! ha! ha! ha! hi! hi! hi! ho! ho!"
Et toujours ce rire sardonique, ce rire infernal, plus horrible que le reste, qui roule dans le gosier des fantômes et fait qu'entre deux cahots les victimes se disent: Les fantômes sont si gais! Qui l'eut cru?
Enfin les malheureux qui se croyaient déjà dans le vestibule et la caverne des enfers s'échappent pendant un soubresaut de gaieté où plus vivement se tordaient leurs bourreaux, s'aperçoivent qu'ils se trouvent moins près des marais infernaux que de la fontaine Gobeline et s'échappent, serrés de près par leurs effrayants persécuteurs, qu'ils entendent encore crier à leurs oreilles: "Hou! hou! Lucifer vous attend, hop! hop!"



Et pour échapper à l'horrible poursuite, il n'est fente si étroite, si petit trou où n'essayent de se fourrer les malheureux, et mieux passerait un chameau par le trou d'une aiguille que ce gros père à souquenille jaune par cette lucarne où, la tête la première, il s'engouffre en toute hâte.

Grand Almanach Français illustré, 1891.

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