Sarrasinade.
O les vilains! ô les félons! ô les méchants! Leur audace s'accroît à mesure que la nuit devient plus noire. Ce ne sont plus simples bourgeois et menu fretin de petites gens que ces trois vauriens mettent à mal.
Angoulevent a une idée grande comme le monde: faire croire à l'entrée d'un parti de Sarrasins en la ville.
Il a emprunté au petit Maure favori du bon roi ses couteaux turquois et ses habits africains. Sous sa robe safran il tient un bâton qui porte le plus effrayant masque d'infidèle enturbanné qui se puisse voir.
Tuybelim chevauche un destrier de carton sarrasinoisement harnaché et point n'a pris la peine d'ôter sa capuche: il est assez effrayant par les haillons qu'il balance au haut d'une hallebarde en guise de pauvre page déconfit.
Et maître François les suit, couvert d'un blanc linceul surmonté d'une terrible citrouille vide et de carottes épouvantables.
Et tout fuit sur leur passage et les varlets en hâte rentrent au château, criant:
- "A l'aide! A l'aide!"
- "Les Sarrasins! Les Sarrasins!"
- "Ils sont au nombre de trois milliers!"
- "De quatre."
- "Ils ont navré quatre pages!"
- "Et douze varlets!"
Grand Almanach Français illustré, 1891.
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