Les labyrinthes anciens et modernes.
Le mot "labyrinthe", dit le Jardin des Racines grecques vient du grec λα&βνρΘο&ς , "lieu plein de détours". il a très souvent pour synonyme "dédale" du nom de Dédale, l'inventeur du labyrinthe de Crète, nom qui lui même provient du mot grec:
Δαξδαλος , artiste, beau, fin.
Pline l'Ancien, chez qui l'on retrouve tout ce qui a rapport aux travaux de l'antiquité a parlé longuement des labyrinthes, "l'ouvrage peut-être le plus prodigieux auxquels les hommes aient employé l'argent, et nullement chimériques, comme on pourrait l'imaginer".
En effet, depuis Hérodote, le père naïf de tant de fables, les poètes et les historiens ont inventé ou répété mille et une merveilles de ces travaux prodigieux et bizarres, villes souterraines parfois plus grandes que les villes supérieures, pleines de ténèbres et d'incertitudes pour les écrivains comme pour les visiteurs, et dont les Catacombes de Paris et de Rome, ne peuvent donner qu'une idée lointaine et incomplète.
Les quatre labyrinthes les plus connus de l'antiquité étaient, dans l'ordre de leur construction, ceux d'Egypte, de Lemnos, de Crète et d'Italie.
D'après Hérodote et Pomponius Méla, l'immense labyrinthe d'Egypte, dit le labyrinthe de Mendès, était près du lac Moèris et formait une véritable ville, divisée en nomes ou gouvernements, au nombre de seize, comprenant douze palais et trois mille pièces, toutes reliées entre elles, des pyramides, des escaliers, des portiques; et au centre un temple de Némésis, entouré de seize autres temples. Le labyrinthe lui-même, le "dédale" proprement dit, comprenait également un nombre infini de salles et de voûtes souterraines, soutenues par des colonnes, ornées de statues et des effigies monstrueuses du culte égyptien; il servait apparemment de retraite aux crocodiles sacrés. Détruit sous Auguste et Titus, Pline en vit les débris, que les voyageurs modernes ont cru reconnaître avec certitude.
"On voit encore, en Egypte, dit-il, dans le nome d'Héracléopolis, un labyrinthe, le plus ancien de tous, et construit, dit-on, il y a quatre mille six cents ans par le roi Petesuccus ou Tithoës. Cependant Hérodote dit que c'est l'oeuvre de douze rois, dont Psammeticus resta le dernier. On ne convient pas de la cause qui le fit bâtir. Demotélés prétend que c'était le palais de Motherudès, Lycéas en fait le tombeau du roi Moeris; plusieurs disent que c'est un monument consacré au soleil."
Dédale prit cette merveille pour modèle, lorsqu'il construisit le labyrinthe de Crète, mais il n'en reproduisit que la centième partie, et surtout celle des détours et des circuits inextricables; d'après la Fable, il fut la première victime de son invention. Grâce à la mythologie et aux poètes, qui, depuis Ovide et Virgile, en ont fait le thème favori de leurs récits ou de leurs comparaisons, il est resté le plus célèbre et comme le type de labyrinthe classique.
La gravure ci-dessus représente à la fois le grand labyrinthe, vaste et long souterrain remarquable surtout par ses innombrables impasses, qui forçaient à chaque instant de revenir sur ses pas, et le "petit labyrinthe", tel que le donne les médailles antiques et les gravures du moyen âge.
Le troisième fut celui de Lemnos, semblable au précédent, mais décoré de cent cinquante riches colonnes; il fut affecté, croit-on, au culte des Cabyres. "Construit par Smillis, Rhoecus et Théodore, il en subsiste encore aujourd'hui (du temps de Pline) des restes misérables, il est vrai; mais ceux de Crète et d'Italie ont complètement disparus."
"Quant à ce dernier, ajoute Pline, que Porsenna fit faire pour son tombeau, il surpassa encore la vanité des autres." Il renfermait, en autres ornements ou monuments, cinq pyramides "dont Varron a eu honte de marquer la hauteur." Il se trouvait sous la ville antique de Clusium, aujourd'hui Chiusi, où la famille Casuccini a découvert, en 1840, ainsi qu'à Poggio Gajella, plusieurs nécropoles qui ont fourni matière aux plus nombreuses comme aux plus vagues dissertations.
Dans le voyage qu'il fit dans le Levant "par ordre du Roy", Pitton de Tournefort parcourut, à Candie, en 1700, le vaste "labyrinthe de Candie", à trois milles des ruines de Gortyne, et visité avant lui par nombre de moines et de voyageurs, en 1444, 1495, 1526, 1560, 1579, 1699. Il prit de sérieuses précautions pour en sortir:
1° poster un garde à la porte.
2° porter, lui et ses compagnons, un flambeau.
3° placer à chaque coin des papiers notés.
4° semer de la paille sur la route parcourue.
"Mais, dit-il en conclusion, il ne faut pas croire que ce labyrinthe que l'on vient de décrire soit celui dont les anciens ont parlé."
L'antiquité conserva longtemps dans ses décorations, avant de le transmettre au moyen âge, le culte du labyrinthe; sans parler des médailles, on a découvert à Salzbourg et à Aix-en-Provence des labyrinthes au milieu desquels Thésée combat le Minotaure; à Pompeï, un autre est tracé à la pointe sur l'enduit rouge d'un pilier, toujours avec la légende:
D'après Hérodote et Pomponius Méla, l'immense labyrinthe d'Egypte, dit le labyrinthe de Mendès, était près du lac Moèris et formait une véritable ville, divisée en nomes ou gouvernements, au nombre de seize, comprenant douze palais et trois mille pièces, toutes reliées entre elles, des pyramides, des escaliers, des portiques; et au centre un temple de Némésis, entouré de seize autres temples. Le labyrinthe lui-même, le "dédale" proprement dit, comprenait également un nombre infini de salles et de voûtes souterraines, soutenues par des colonnes, ornées de statues et des effigies monstrueuses du culte égyptien; il servait apparemment de retraite aux crocodiles sacrés. Détruit sous Auguste et Titus, Pline en vit les débris, que les voyageurs modernes ont cru reconnaître avec certitude.
"On voit encore, en Egypte, dit-il, dans le nome d'Héracléopolis, un labyrinthe, le plus ancien de tous, et construit, dit-on, il y a quatre mille six cents ans par le roi Petesuccus ou Tithoës. Cependant Hérodote dit que c'est l'oeuvre de douze rois, dont Psammeticus resta le dernier. On ne convient pas de la cause qui le fit bâtir. Demotélés prétend que c'était le palais de Motherudès, Lycéas en fait le tombeau du roi Moeris; plusieurs disent que c'est un monument consacré au soleil."
Dédale prit cette merveille pour modèle, lorsqu'il construisit le labyrinthe de Crète, mais il n'en reproduisit que la centième partie, et surtout celle des détours et des circuits inextricables; d'après la Fable, il fut la première victime de son invention. Grâce à la mythologie et aux poètes, qui, depuis Ovide et Virgile, en ont fait le thème favori de leurs récits ou de leurs comparaisons, il est resté le plus célèbre et comme le type de labyrinthe classique.
La gravure ci-dessus représente à la fois le grand labyrinthe, vaste et long souterrain remarquable surtout par ses innombrables impasses, qui forçaient à chaque instant de revenir sur ses pas, et le "petit labyrinthe", tel que le donne les médailles antiques et les gravures du moyen âge.
Le troisième fut celui de Lemnos, semblable au précédent, mais décoré de cent cinquante riches colonnes; il fut affecté, croit-on, au culte des Cabyres. "Construit par Smillis, Rhoecus et Théodore, il en subsiste encore aujourd'hui (du temps de Pline) des restes misérables, il est vrai; mais ceux de Crète et d'Italie ont complètement disparus."
"Quant à ce dernier, ajoute Pline, que Porsenna fit faire pour son tombeau, il surpassa encore la vanité des autres." Il renfermait, en autres ornements ou monuments, cinq pyramides "dont Varron a eu honte de marquer la hauteur." Il se trouvait sous la ville antique de Clusium, aujourd'hui Chiusi, où la famille Casuccini a découvert, en 1840, ainsi qu'à Poggio Gajella, plusieurs nécropoles qui ont fourni matière aux plus nombreuses comme aux plus vagues dissertations.
Dans le voyage qu'il fit dans le Levant "par ordre du Roy", Pitton de Tournefort parcourut, à Candie, en 1700, le vaste "labyrinthe de Candie", à trois milles des ruines de Gortyne, et visité avant lui par nombre de moines et de voyageurs, en 1444, 1495, 1526, 1560, 1579, 1699. Il prit de sérieuses précautions pour en sortir:
1° poster un garde à la porte.
2° porter, lui et ses compagnons, un flambeau.
3° placer à chaque coin des papiers notés.
4° semer de la paille sur la route parcourue.
"Mais, dit-il en conclusion, il ne faut pas croire que ce labyrinthe que l'on vient de décrire soit celui dont les anciens ont parlé."
L'antiquité conserva longtemps dans ses décorations, avant de le transmettre au moyen âge, le culte du labyrinthe; sans parler des médailles, on a découvert à Salzbourg et à Aix-en-Provence des labyrinthes au milieu desquels Thésée combat le Minotaure; à Pompeï, un autre est tracé à la pointe sur l'enduit rouge d'un pilier, toujours avec la légende:
LABYRINTHVS HIC HABITAT MINOTARVS
C'est à dire: Le Labyrinthe. Ici habite le Minotaure. les fouilles entreprises il y a une trentaine d'années à Ostie, par ordre du pape Pie IX ont découvert, en même temps que la ville antique, une magnifique mosaïque de vastes dimensions; elle figure également le travail de Dédale.
A Constantinople, le manteau impérial porta quelque temps, comme emblème, un Minotaure avec le doigt sur la bouche, pour indiquer symboliquement que les pensées du souverain doivent rester aussi secrètes que le labyrinthe était obscur.
Le moyen âge religieux y vit un thème à symbolisme. Comme on aurait dit alors, l'Eglise moralisa le labyrinthe païen. Enfermé dans les corridors inextricables de l'erreur ou du vice, on ne peut en sortir à moins que la grâce ou qu'une Ariane divine ne vous mette en main "gratuitement", gratis, le fil conducteur.
Comme la cathédrale de Lucques, nombre d'églises de France possédaient autrefois des labyrinthes dessinés sur le pavé de la nef; l'un des plus célèbres, celui de Chartres, existe encore. Rome en possède deux, à Santa Maria in Aquiro et à Santa Maria in Transtevere; Ravenne, un, à San Vitale. Ils reçurent parfois le nom de "chemin de Jérusalem", car ils servaient à une sorte de chemin de croix. M. Bonnin porte le nombre de ceux qui subsistent de tous côtés à environ deux cents.
Dans Woodstock ou le Cavalier, Walter Scott parle du célèbre labyrinthe de Rosemonde. "Son existence, dit-il, est attestée par Drayton, qui vivait sous le règne d'Elisabeth. Ce labyrinthe, ou plutôt ses ruines, subsistent encore, ainsi que son puits, dont le fond est pavé en pierre de taille, et la tour d'où part le labyrinthe. Ce sont des allées voûtées, dont les murs et les cintres sont bâtis en brique et en pierre, et si bien mêlées les unes aux autres, qu'il est fort difficile de s'y reconnaître."
Dans les temps modernes, les dessinateurs de jardins ont souvent pris le labyrinthe comme motif d'ornementation. C'était alors une promenade ou plutôt une séries d'allées étroites, formées par de petits boulingrins à fleur de terre, plantées de manière à figurer un dessein aussi tortueux et compliqué que possible, si bien qu'on y parcourait des distances infinies sur très peu d'espace. L'un des plus connus était celui de Versailles.
Comme on le voit sur la gravure ci-dessus, c'est un labyrinthe coquet et civilisé, qui n'a rien de mystérieux ni de perfide. La ligne droite y domine dans toute sa rigueur, comme dans tout ce qui est du grand siècle; ça et là quelques cercles et demi-cercles parfaits, pour plus de régularité géométrique. Deux statues en décoraient l'entrée; Esope à gauche; l'Amour, à droite; et trente-neuf fontaines en peuplaient les allées verdoyantes.
Ce labyrinthe fut abandonné et finalement supprimé vers la fin du règne de Louis XV. "C'est aujourd'hui, disait Dulaure (1786), un bosquet fermé et composé dans le genre anglais; au centre est une salle carrée, ornée d'un quintessence de gazon dans son pourtour, et aux quatre angles, de quatre petites salles rondes; le reste offre plusieurs routes irrégulières agréablement dessinées."
Parlerai-je enfin du petit labyrinthe du Jardin des Plantes? Il est connu de tous les Parisiens dès leur plus tendre enfance et n'a dû ce nom qu'à ses allées tournantes; la pente seule du terrain indique la route à suivre, et il ressemble plus à la tour de Babel qu'à aucun dédale. Au sommet, que couronne un petit belvédère en fonte, une vue magnifique paye largement des fatigues de la montée, et un cadran solaire vous salue par ces mots latins de bon augure:
HORAS NON NUMERO NISI SERENAS
"Je ne marque que les heures brillantes."
Edmond Renaudin.
Grand Almanach Français illustré, 1891.
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