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dimanche 23 août 2015

Prise de Jérusalem par Saladin.

Prise de Jérusalem par Saladin.

Une seule journée avait enlevé au royaume de Jérusalem son chef et ses défenseurs les plus intrépides, une reine en pleurs, les enfans de ceux qui étaient morts à la bataille de Tibériade, et quelques soldats fugitifs, étaient les seuls gardien du saint Sépulcre. Devancé par la terreur de ses victoires, Saladin se présenta bientôt sous les murs de cette capitale dont les habitans n'espéraient plus que dans la miséricorde de Dieu et celle du vainqueur.
Il fit venir les principaux de la ville, et leur dit: 
"Je crois, comme vous, que Jérusalem est la maison de Dieu; je ne veux point en profaner la sainteté par l'effusion du sang; abandonnez ces murs, et je vous livrerez une partie de mes trésors."
Le désespoir leur donna de la fermeté.
"Nous ne pouvons, répondirent-ils, vous céder une ville où notre Dieu est mort, nous  ne pouvons encore moins vous la vendre."
Le sultan jura alors sur le Koran qu'il ne s'emparerait de la ville que pas la force ouverte. Le siège fut commencée et poussé avec vigueur, Jérusalem avait encore une nombreuse population, mais ses habitans n'avaient que des prières et des supplications à opposer à la fureur des assiégeans. Ceux mêmes qui avaient répondu à Saladin avec quelque courage ne songèrent plus qu'à implorer son indulgence. Saladin se ressouvint de son serment, et se montra inexorable. Un jour qu'ils le suppliaient plus vivement de se laisser toucher, se tournant vers la place et montrant ses étendards qui flottaient sur les murailles:
"Comment voulez-vous, leur dit-il, que j'accorde des conditions pour une ville prise?"
Mais la sarrasins furent repoussés; et le sultan, craignant le désespoir des assiégés, fit assembler les docteurs de la foi, et leur demanda s'il pouvait se dégager du sermon qu'il avait fait de prendre la ville d'assaut. Les imans et les caïds décidèrent en faveur de l'humanité; et, ce qui est digne de remarque, ils puisèrent leur décision dans les subtilités d'Aristote, traduit en arabe. Saladin accorda la vie aux habitans; après quatorze jours de siège, il entra en triomphe dans Jérusalem. Il traînait à sa suite à sa suite ce Gui de Lusignan, qui revenait captif dans une ville où il avait été roi; vingt mille guerriers, faits prisonniers à Tibériade et conduits à la suite du vainqueur, revirent en pleurant ces murs que leur courage n'avait pu défendre.
C'est ainsi que cette Jérusalem, qui avait été conquise quatre-vingt-quatre ans auparavant, et qui avait coûté tant de sang à l'Europe, tomba au pouvoir des infidèles. 
Saladin usa de sa victoire avec générosité.

                                                                                                                        J. Michaud.

Le Magasin universel, novembre 1836.

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