Albi.
Le chef-lieu du département du Tarn est une ville assez commerçante et industrielle, siège d'un archevêché, ayant lycée, bibliothèque publique, chambre de commerce, tribunal et un peu plus de 20.000 habitants.
L'origine d'Albi est très ancienne. Au temps de César, elle était la capitale d'un peuple de l'Aquitaine auquel le proconsul donna le nom d'Eleutheri, c'est à dire libres. Dans les notices de l'empire, elle est désignée sous le nom de civitas Albiensium, et elle faisait partie de la Gaule narbonnaise; son territoire fut sillonné de voies militaires et les Romains y bâtirent des temples et de magnifiques palais.
Prise par Mummol, général bourguignon, en 580, pendant l'épiscopat de saint Savi, puis par les Sarrasins en 730, Pépin le Bref s'en empara en 765; elle fut érigée en vicomté une vingtaine d'années plus tard. En 1208, Albi fut prise par les croisés (il est question ici de la croisade contre les Albigeois, bien entendu), l'évêque leur en ayant ouvert les portes; et l'insatiable Simon de Montfort la reçut en récompense de ses odieux services dans cette abominable expédition. Après quelques mutations entre la maison de Toulouse et la couronne de France, résultant des vicissitudes de la guerre contre les Albigeois, elle est enfin demeurée à celle-ci à partir de 1284. Ville épiscopale depuis le IIIe siècle, Albi fut élevée au rang d'archevêché en 1678.
La cathédrale dédiée à sainte Cécile et bâtie par l'évêque Bernard de Castanet, qui prenait le titre de vice-gérant de l'inquisiteur de France, est un bel édifice gothique dans le style du XIIIe siècle, époque à laquelle a commencé sa construction (1275-1480); elle possède une des plus belles chasses en argent, décorée de mosaïque, renfermant les reliques de saint Clair, premier évêque d'Albi.
Cathédrale d'Albi |
Avant la révolution, Albi comptait sept églises paroissiales et un grand nombre de chapelles et d'oratoires; la cathédrale et l'église Saint-Savi furent seules conservées. Cette dernière, fondée par l'évêque Miron, fut commencée en 942 et a conservé quelques vestiges du style roman de l'époque, notamment une tour carrée d'un effet très pittoresque; mais pour le reste, c'est le style ogival qui domine. On cite encore, parmi les édifices d'Albi, le palais de justice (ancienne maison des Carmes), l'archevêché, les bâtiments du lycée, de construction récente, etc.; dans le voisinage, on remarque l'ancienne maison de plaisance des archevêques, transformée en asile d'aliénés et institution de sourds-muets.
Albi est mise en communication avec la rive droite du Tarn par deux ponts, dont l'un date de 1035 et fut construit par les deux fils du vicomte Aton II "sur l'avis des citoyens et bourgeois" de la ville. L'illustre navigateur Lapérousse est né au Gua, près d'Albi, qui lui a élevé uns statue en 1848. Les états du Languedoc se sont réunis à plusieurs reprises à Albi, pendant les XVIe et XVIIe siècles.
O. R.
Journal des Voyages et des Aventures de terre et de mer, dimanche 22 août 1886.
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