Château de Thouars.
La petite ville de Thouars, qui n'est aujourd'hui qu'un modeste chef-lieu de canton du département des Deux-Sèvres, était, dès le neuvième siècle, la plus importante vicomté du Poitou. Elle fut prise par Pépin en 762, et par Duguesclin en 1372. Érigée en duché au mois de juillet 1563, elle devint sous-préfecture au commencement de ce siècle.
Quelques-uns de ses seigneurs ont joué un rôle considérable dans l'histoire. Il suffira de citer parmi eux Aimery V, aussi célèbre par sa bravoure que par son éloquence, qui, en 1066, décida de la victoire à Hastings; Herbert II, mort à la croisade en 1104, et Louis II de la Trémoille, le chevalier sans reproche, le plus grand capitaine de son temps. Les rois de France et les souverains de l'Angleterre se disputaient l'alliance de ces puissants feudataires, qui s'intitulaient vicomtes par la grâce de Dieu. Louis XI, l'ennemi de tous les grands qui pouvaient se passer de lui, s'empara de la terre de Thouars en 1469, et la garda jusqu'à sa mort.
Parmi les monuments de la ville, quatre sont dignes d'attirer l'attention: le château, sa chapelle, l'église Saint-Laon, et l'église Saint-Médard.
Le château des vicomtes était placé au midi de la ville, sur une espèce de promontoire baigné par les eaux du Thoué, au sommet de rochers presque inaccessibles. Marie de la Tour d'Auvergne, femme du duc Henri de la Trémoille, fit démolir ce manoir, dont les murailles craquaient sous le poids des siècles, et le remplaça par le château actuel (1635). Cet édifice, qui domine une riante vallée, rappelle quelque peu par ses lignes grandioses l'architecture du palais des Tuileries. Sa façade principale est à l'ouest; elle est précédée d'une cour d'honneur entourée d'une galerie à portiques. Une orangerie, qui servit, dit-on, de modèle à celle de Versailles, et de vastes parterres, complètent l'ensemble de cette résidence véritablement princière. Grâce aux corvées et aux ressources qu'offraient les domaines dépendant de la terre de Thouars, la duchesse ne dépensa que 1.220.000 livres à bâtir son château. Elle le décora et le meubla avec le plus grand luxe.
Marie de la Tour, dont un écrivain passionné a fait une suzeraine orgueilleuse, la terreur de tous ses vassaux, était une femme remarquable par son intelligence et sa grandeur d'âme.
Une autre femme, réunissant toutes les qualités du cœur et de l'esprit, amie des beaux-arts et de la littérature, Gabrielle de Bourbon-Montpensier, l'épouse de Louis II de la Trémoille, fit bâtir, de 1503 à 1510, sur les dessins d'André Amy, la chapelle placée à l'extrémité nord du château. La façade principale de cette gracieuse construction est un véritable chef-d'oeuvre; toutes les richesses de l'architecture de la renaissance y sont étalées. L'intérieur est divisé en trois nefs par des colonnes d'une grande légèreté. On remarque à la voûte, à gauche du maître-autel, d'élégants pendentifs au milieu de sculptures très-délicates. C'est tout ce qui reste de la chapelle ardente dans laquelle étaient placés trois tombeaux de marbre et d'albâtre dus au ciseau de Martin Claustre, artiste grenoblois. Ils renfermaient les cendres de la fondatrice, de son mari, du prince de Talmont leur fils, et du cardinal de la Trémoille.
On trouve, sous l'édifice que nous venons de décrire, une chapelle souterraine, et un caveau dans lequel étaient déposés les restes mortels de la famille de la Trémoille.
Le Magasin pittoresque, septembre 1865.
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