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mardi 18 août 2015

Les janissaires.

Les janissaires.

Qui n'a pas entendu parler des janissaires, corps de troupes turques qui, pendant plusieurs siècles, fut considéré comme étant le seul et véritable soutien de la puissance mahométane? Cette infanterie fut instituée vers le milieu du XIVe siècle par l'empereur Orcan, pour la garde du trône et la défenses des frontières. Peu à peu, elle acquit une telle influence que cette milice, d'abord très bien disciplinée, donnant sans cesse par la suite l'exemple de l'insubordination et de la révolte, tint longtemps dans ses mains les destinées des sultans, qu'elle élevait au trône, déposait ou faisait périr, sans autre raison souvent que le caprice de ses chefs.
Mahmoud II, placé sur le trône en 1808 par les janissaires, les ayant ensuite trouvé hostiles aux réformes et améliorations qu'il voulait introduire dans l'organisation de l'armée turque, pour la mettre au niveau de la civilisation et des progrès européens, résolut de détruire cette soldatesque turbulente qui menaçait sans cesse la paix de l'Etat ottoman. 
L'esprit de révolte s'étant manifesté parmi eux à propos des manœuvres nouvelles qui leur étaient imposées par ordre du sultan, les janissaires se portèrent à tout sorte de désordres dans la ville de Constantinople. 




Mais le sultan avait pris ses mesures. Le 14 juin 1826, il fit sortir l'étendard du prophète, qui n'est déployé que dans les occasions exceptionnelles et un  corps de cinquante mille ou soixante mille hommes ayant cerné les janissaires,  au nombre de vingt mille ou trente mille, sur la place de l'Atmeïdan et dans leurs casernes que l'on incendia, un massacre épouvantable eut lieu, qui mit fin au règne de ce corps redoutable.
Les janissaires qui jouissaient de maintes prérogatives comme taux de solde et choix de l'alimentation, avaient un respect traditionnel pour la marmite de leur compagnie, qui leur servait parfois d'étendard. Dans les Mémoires du baron de Tott, qui visita la Turquie vers le milieu du XVIIIe siècle, nous trouvons la note suivante:
"La considération dont jouit la marmite des janissaires ne peut être comparée qu'à celle que nous accordons aux drapeaux. A tel point que la troupe qui se la laisserait enlever par l'ennemi serait tenue pour déshonorée. C'est aussi d'après cette façon d'entendre l'honneur que le colonel porte un titre qui signifie donneur de soupe, que le major est appelé chef de cuisine, et que les marmitons et porteurs d'eau en sont les aides-majors."
Ajoutons que le jour de la révolte qui aboutit au massacre commandé par le sultan Mahmoud II, ce fut en reversant leurs marmites sur la place publique que les janissaires exprimèrent leur mécontentement, façon de dire qu'ils dédaignaient la nourriture à eux fournie par le sultan.

Grand Almanach Français illustré, 1891.

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