Le cimetière d'Azincourt.
Après la funeste journée du 22 octobre 1415, le bailli d'Aire et l'abbé de Ruisseauville firent creuser trois fosses profondes où l'on déposa 5.800 cadavres. L'évêque de Thérouanne bénit ce lieu funèbre, qui fut environné d'une haie d'épines et d'un large fossé.
Les paysans le respectèrent; les arbres mourraient sur pied sans qu'on y portât la cognée; les bestiaux n'y pénétraient jamais, les hommes même en craignaient l'approche.
En 1734, Mme de Tramecourt, née de Béthune, y érigea une chapelle; cette chapelle fut démolie en 1793, et on y livra le cimetière, jusqu'alors respecté, à la charrue.
En 1816, les Anglais fouillèrent une des fosses: la pelle et la pioche remuèrent les restes de ces vaillants et malheureux soldats, et le vainqueur emporta des débris d'armes, des pointes de flèches, des pièces d'or et d'argent, et trois superbes oliphants en ivoire sculpté, couverts de légendes latines.
Ces précieux objets, transportés au Musée britannique, y formèrent une collection particulière connue sous le nom de Musée d'Azincourt.
Magasin pittoresque, 1870.
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