Le café chez les Soumal.
Voici comment le café fut présenté au contre-amiral Guillain, il y a une trentaine d'années, chez le gouverneur de la ville de Moguedchou, l'opulente cité de la côte orientale d'Afrique: "Pendant le cours de notre visite, Moumen m'offrit le café; cette politesse n'avait par le fait rien d'extraordinaire, et je n'en parlerais pas si le café se préparait en ce pays ainsi que partout ailleurs; mais la façon dont les Soumal l'apprêtent est assez curieuse pour être décrite.
On met du café en coque frire dans du semen (1). Quinze ou vingt grains servis sur une assiette de bois, avec la graisse dans laquelle ils ont été cuits, représentant une tasse de café. Cette manière de prendre ce que nos habitués d'estaminet appellent la demi-tasse est la seule connue chez les Soumal, qui sont très-friands de cette préparation et s'en régalent, m'a-t-on dit, soir et matin.
Mais, en narrateur véridique, je suis forcé d'avouer que, de notre côté, nous trouvâmes ce ragoût aussi dégoûtant à voir qu'exécrable à manger. Heureusement il y avait des vaches dans la cour, et leur lait nous fut présenté à propos pour chasser la désagréable saveur du café que nous avions mâché... afin de ne pas désobliger notre hôte."
(1) Chez les Soumal, le semen est une sorte de beurre qui s'obtient par le mélange du lait de vache et du lait de chèvre. On lui préfère souvent l'huile de sésame.
(Documents sur l'histoire, la géographie et le commerce de l'Afrique orientale; 3 vol. in-8 et atl.)
Magasin pittoresque, 1870.
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