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mardi 13 janvier 2015

Casse-noisettes.

Casse-noisettes
des seizième et dix-septième siècles.



Tous les objets qui servaient autrefois au service de la table se distinguaient, chez les hauts personnages, par un caractère de richesse et d'élégance dont nous avons fréquemment donné des exemples, et dans la bourgeoisie, à défaut de richesse, par un cachet de gaieté et de bonne humeur qui a presque entièrement disparu aujourd'hui.
La faïence historiée ou fleurtée a fait place à la porcelaine, plus propre, plus dure, plus résistante, mais aussi plus sévère d'aspect; les brocs et les cruches en grès émaillé ou à dessins en relief sont remplacés par des bouteilles et des carafes de cristal plus commodes, mais moins réjouissantes à la vue. 
Tout a été modifié, jusqu'aux casse-noisettes, dont l'apparition sur la table au moment du dessert faisait battre des mains les enfants aux mines éveillées et sourire aussi les graves personnes.
A Nuremberg même, la patrie du bois sculpté, on ne se fabrique plus ces joyeux petits bonhommes qui ouvraient si grande leur large bouche et cassaient entre leurs dures mâchoires de buis les noisettes, et les laisser échapper souvent, il faut bien l'avouer.
Les casse-noisettes en bois sculpté n'étaient pas, du reste, les seuls usités autrefois, et les cinq gravures que nous publions montrent quelle variété de formes on avait su donner à ce petit instrument.
Au moyen âge, où les fruits secs faisaient, comme à présent, partie de tous les desserts, on se servait de riches pinces ou tenailles, appelées truquoises dont on trouve la mention dans beaucoup d'inventaires, mais dont nous ne connaissons aucun exemplaire.


Plus tard, et concurremment avec les casse-noisettes en bois sculpté dont notre figure 3 donne un curieux spécimen, on faisait usage de pinces en métal gravé et orné de reliefs (fig.1).


La figure 4 représente un casse-noisette italien du seizième siècle, décoré avec beaucoup de goût d'ornements gravés ou découpés à jour, et qui nous semble d'un emploi assez commode.


Les deux autres sont du dix-septième siècle: le premier (fig. 5) , en bois sculpté tient tout à la fois de la pince et du nussknacker de Nuremberg.


Le second est en fer. Dans ce dernier (fig. 2) , comme dans le casse-noisette italien, un pas de vis fait pression. 


On en fabrique encore de semblables en Suisse, dans le Tyrol, et à Saint-Claude dans le Jura; mais les formes sont moins variées, et on n'y trouve plus autant d'invention et d'esprit qu'autrefois.

Magasin pittoresque, 1877.

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