Les pestes à Paris.
au seizième siècle.
au seizième siècle.
La peste fut presque permanente à Paris pendant le seizième siècle. Voici quelques-unes des années où ce fléau fit des ravages assez terribles pour que les écrivains contemporains en aient transmis le souvenir à la postérité.
En 1522, quatre médecins, interrogés judiciairement, déclarèrent qu'il n'y avait dans la ville aucune rue qui ne fût atteinte de la peste. Le Parlement fit marquer d'une croix blanche les maisons des pestiférés.
La peste ayant sévi en 1530 et 1531, une ordonnance enjoignit aux propriétaires et aux locataires de mettre des croix de bois aux portes et aux fenêtres des maisons où il y avait eu des pestiférés.
En 1533, les victimes furent si nombreuses que la ville dut acheter six arpents de terre dans la plaine de Grenelle pour y ensevelir les gens morts de la peste. Il faut remarquer qu'en ce temps la ville n'était pas très-grande: l'ambassadeur vénitien Giustiano écrivait en 1535: "Paris n'est guère plus vaste que Venise, et on en fait le tour en trois heures, en allant à pied et assez doucement."
En 1544, le Parlement interdit tous les spectacles publics. On se lassait d'inhumer les morts.
En 1548, le Parlement se vit forcé d'aller tenir ses séances au couvent des Augustins, la peste ayant envahi la prison de la Conciergerie.
En 1553, on afficha à tous les carrefours les noms des médecins et des barbiers payés par la ville pour soigner les pestiférés.
En 1561, l'épidémie emporta plus de vingt-cinq mille personnes.
En 1580, trente mille personnes environ moururent de la peste. L'Hôtel-Dieu était insuffisant pour recevoir les pestiférés, on dressa des loges et des tentes dans les faubourgs Montmartre et Saint-Marceau, vers Montfaucon et Vaugirard et dans la plaine de Grenelle. La plupart des habitants, effrayés, prirent la fuite. Les voleurs se mirent à piller les maisons désertes. Citons le bel exemple du président Christophe de Thou, qui ne voulut pas abandonner son poste, et se promena tous les jours en carrosse, haranguant le peuple et cherchant à rétablir l'ordre.
En 1587, la famine vint s'ajouter à la peste.
En 1596, à l'Hôtel-Dieu, la peste fit mourir six cents personnes dans le seul mois d'avril.
En janvier 1597, il mourut deux cent sept malades.
L'insalubrité de la ville était avec raison un sujet universel de plaintes; mais il fallut bien du temps pour remédier au mal. Les rues étaient mal alignées, étroites, tortueuses, sans air pur et sans soleil; elles étaient encombrées de gravois, de boues, d'ordures, d'eaux stagnantes, qui faisaient des voies les plus fréquentées des cloaques ou des fondrières qu'on appelait "trous". Il y avait un "trou-Bernard" près de Saint-Germain l'Auxerrois, un "trou-Gaillard" près des Célestins, des "trous-punais" dans tous les quartiers.
Un des auteurs de la Satire ménippée dit: "Nous somme serrés, pressés, envahis, bouclés de toute part et ne prenant air que l'air puant d'entre nos murailles, de nos boues et de nos égouts."
Pendant le siège de 1590, la population de Paris était de deux cent vingt mille âmes, suivant le recensement fait par le gouvernement. Le chiffre avait été plus élevé sous François 1er et sous Henri II. Les évaluations des ambassadeurs vénitiens, en 1528, 1546 et 1577, diffèrent tellement entre elles, qu'on ne peut pas s'en servir utilement. A la dernière de ces dates, Lippomano parle d'un million de personnes qui se trouvent continuellement à Paris.
Magasin universel, 1877.
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