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dimanche 4 janvier 2015

Chronique du Journal du Dimanche.

Chronique.

Les grandes chaleurs ont donné cette année un amour extrême pour l'eau; on aime l'eau jusqu'à la mort. Beaucoup prennent ce système de suicide, qu'on pourrait appeler suicide rafraîchissant.
Le sieur Jean-Baptiste Thierry, âgé de cinquante ans, né à Presles (Seine-et-Oise), demeurant rue des Haies, 24, à Charonne, se plaignait depuis quelque temps que son puits tarissait à vue d’œil, ce qui, par suite du manque d'arrosage, rendait son jardin de plus en plus improductif.
Mardi, vers deux heures de l'après-midi, le cultivateur s'entretint de nouveau avec sa femme de ce sujet, qui était devenu son idée. Il lui dit que n'ayant plus d'eau, il était un homme ruiné. Sa femme essaya de le consoler, en lui faisant entendre que la sécheresse ne durerait pas longtemps encore. Croyant l'avoir tranquillisé, elle se remit à son travail, qui était en ce moment, d'arracher des carottes.
Peu d'instants après, elle entendit le bruit d'une chute. Courant aussitôt au puits, elle distingua vaguement au fond une forme humaine qui s'agitait. Aussitôt elle appela au secours. Le sieur Vigoureux, maître couvreur, et le sieur Pottier, marchand de vin, se firent descendre dans le puits, qui est d'une profondeur de vingt-deux mètres, et parvinrent à retirer le cultivateur. Il donnait encore quelques signes de vie; mais, malgré les soins qui lui furent prodigués, il ne tarda pas à rendre le dernier soupir.

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Un locataire de la maison rue Lenoir-Saint-Antoine, n° 1, voulant puiser de l'eau, et ne pouvant, malgré l'agitation qu'il imprimait à la corde, faire plonger le seau, regarda au fond du puits, et ne fut pas peu surpris de voir son seau arrêté à la surface de l'eau par des vêtements qui recouvraient un corps humain. Les sapeurs-pompiers de la rue Saint-Bernard, informés de ce fait, se rendirent en toute hâte sur les lieux, et le caporal Pierrot, s'étant fait descendre au fond du puits, en remonta bientôt un homme de cinquante et quelques années, étranger à la maison, et complètement privé de sentiment. Les secours qui lui furent prodigués sur-le-champ par un médecin ne purent le rappeler à la vie. Le commissaire de police de la section, ayant ouvert immédiatement une enquête pour rechercher l'identité de la victime, ne tarda pas à apprendre que cet homme était le sieur A..., âgé de cinquante-trois ans, imprimeur en papier, domicilié rue de Charonne. Le sieur A... avait été vu dans le quartier au commencement de l'après-midi; son air n'indiquait aucune préoccupation, et tout porte à penser que c'est accidentellement qu'il sera tombé dans le puits où il a péri.

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Un accident de même nature est aussi arrivé le même jour rue de Miroménil; un jeune homme de dix-sept ans, en accrochant son seau à la corde du puits de la maison, fit un faux pas et tomba au fond du puits, en poussant un cri de détresse qui fut heureusement entendu par des voisins. Ceux-ci s'empressèrent de descendre dans le puits et purent en retirer le jeune homme, qui avait pu éviter la submersion complète en s'accrochant à des pierres en saillie; mais dans sa chute, il avait eu la jambe droite fracturée. On l'a porté sur-le-champ à l'hôpital Beaujon, où de prompts secours lui ont été donnés, et tout fait espérer que ses blessures n'auront pas de suites funestes.

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Le département de Saône-et-Loire vient d'avoir un sinistre. Le 18 juillet, vers trois heures après midi, au moment où, pour les travaux de la moisson, le village était presque désert, le feu s'est déclaré à Perreuil, arrondissement d'Autun. Dix-sept maisons ont été la proie des flammes, ainsi qu'une partie de leur mobilier et les foins, qui étaient déjà dans les greniers. Les blés et les seigles n'étaient pas encore rentrés. La perte est évaluée au minimum à trente mille francs. Huit maisons seulement étaient assurées depuis cinq mois. C'est le cinquième incendie que se déclare dans le même îlot de maisons; cette circonstance, jointe à quelques autres, fait présumer que la malveillance n'est pas étrangère à ces sinistres.

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Le théâtre de l'Odéon a failli être dévoré par les flammes. A une heure du soir, le feu s'est manifesté dans les dessous du théâtre, contre le manteau d'arlequin et le premier châssis d'avant-scène. Des ouvriers plombiers, travaillant à la pose des tuyaux de gaz, avaient imprudemment accroché un quinquet dans les dessous à un clou qu'ils avaient planté à un chariot, de manière que le quinquet, dont la flamme était des plus intenses, ne se trouvant qu'à quelques centimètres du plancher, y communiqua le feu.
Un sapeur en faction, ayant senti une odeur de brûlé, s'enquit tout d'abord d'où elle pouvait provenir; ne découvrant rien, il a sonné les sapeurs de garde, et tous se mirent en recherches, les uns sur la scène, les autres dans les dessous. Bien que le foyer de l'incendie fut dans cet endroit, il était assez difficile de l'y apercevoir, attendu qu'il n'y avait pas de flammes et que le foyer du feu était masqué par les pièces de bois qui forment la costière.
Enfin, la flamme, alimentée par un courant d'air permit de savoir où il fallait porter l'attaque, et bientôt on arrêta ce commencement d'incendie, qui, nous le répétons, menaçait de prendre d'immenses proportions, car déjà les flammes léchaient la toile d'avant-scène, et, le châssis d'encadrement une fois en feu, les frises étaient bientôt atteintes ainsi que le cintre. Les conséquences eussent été des plus graves. M. Monvelle, commissaire de police, s'était transporté sur les lieux à la nouvelle du sinistre.

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Le trente et unième volume des Petites Causes célèbres, par Frédéric Thomas, vient de paraître. Même intérêt et même succès que les précédents.

Journal du Dimanche, 13 septembre 1857.

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