Superstitions chinoises.
Les trois déesses sœurs.
Les trois déesses sœurs.
La religion bouddhique, antérieure de plusieurs siècles au christianisme, fut introduite en Chine par l'empereur Ming-ti des Han, l'an 58 de notre ère, et fit de très-rapides progrès dans tout l'empire, grâce à l'exemple qui est descendu du trône.
Quatre siècles plus tard, son influence était déjà assez grande pour inquiéter le pouvoir. C'est à partir de cette époque que commencent les persécutions qu'elle eut à subir. Ses prêtres furent mis à mort, ses temples détruits, et leurs richesses confisquées. cet état de choses dura de 960 à 1278.
Les bonzes, profitant des troubles qui précédèrent la chute des Mongols, essayèrent de regagner l'influence qu'ils avaient perdue, en aidant un des leurs, nommé Tchou-youân-tchâng, à s'emparer du pouvoir.
Il est à remarquer qu'en montant sur le trône (en 1368) il donna à sa dynastie la même désignation que portait pendant son règne l'introducteur de la religion bouddhique en Chine, celle de Ming, brillante.
Cette résurrection ne fut que de courte durée; car, à cette époque, l'exubérance de la population et la stérilité d'une partie du territoire chinois avaient déjà fait désormais de la misère et de l'anarchie l'état normal de la Chine.
Trop ignorante pour rien comprendre aux questions de dogme, la plus grande partie du peuple chinois ne voit dans les poussahs plus ou moins dorés qui encombrent les pagodes qu'autant de génies bons ou mauvais, représentant les divinités célestes sur la terre
D'un autre côté, les bonzes, pour achalander leurs pagodes, se sont empressés d'aller au-devant des idées superstitieuses des masses, en entassant pêle-mêle les disciples de Bouddah avec les personnages de la mythologie chinoise, sans même en excepter les divinités locales.
D'un autre côté, les bonzes, pour achalander leurs pagodes, se sont empressés d'aller au-devant des idées superstitieuses des masses, en entassant pêle-mêle les disciples de Bouddah avec les personnages de la mythologie chinoise, sans même en excepter les divinités locales.
Au nombre des pratiques superstitieuses les plus en vogue, il faut placer le culte des trois déesses sœurs, espèce de trinité femelle faisant pour ainsi dire pendant à la Trimourti indienne. Elles sont de la part des Chinois un objet tout particulier de vénération.
La place d'honneur, ou du milieu, est réservée à la déesse de la fécondité, Tse-souen-niang-niang. C'est à elle que s'adressent les femmes, après avoir déposer à ses pieds une petite poupée en carton représentant un enfant nouveau-né, du sexe masculin ou féminin, suivant la progéniture qu'elles désirent avoir.
On aperçoit à la droite de la déesse son serviteur Song-tchen-lang-chun, tout courbé sous le poids de ces petites poupées de carton.
Une fois ses vœux exaucés, l'accouchée doit se rendre à la pagode faire les sacrifices d'usage à la déesse, sans oublier, naturellement, les aumônes aux bonzes.
La seconde image, placée dans la corniche de droite, est celle de Haon-yen-kouâng; les hommes comme les femmes lui adressent leurs prières pour les maladies d'yeux. Les présents à lui faire sont peu coûteux, et consistent en une paire de lunette en toile semblable à celle qu'elle tient dans la main.
La troisième et la plus redoutée des trois est Pan-tchen-niang-niang, la déesse de la petite vérole, cette maladie continuant à exercer ses ravages parmi les Chinois. Les plus crédules de ses adorateurs ne veulent pas croire à une maladie naturelle, mais bien à un sort que leur a jeté la déesse en les choisissant pour ses serviteurs. De plus, afin de les distinguer du reste des humains, elle les marque en leur lançant à la face une poignée de pois contenu dans la sébile qu'elle tient à la main.
Les deux messagers de la déesse sont Tou-olr-ko-ko et Tou-olr-tsiaï-tsiaï, ses frères et sœurs. On les représente à cheval et toujours prêts à partir pour transmettre la maladie.
Les offrandes à faire à cette déesse sont plus dispendieuses que celles offertes aux deux précédentes: elles consistent en reproductions plus ou moins grandes de la déesse et de ses messagers, mobilier, chaises à porteur, banderoles, etc. , le tout généralement fait de papier doré, et auquel on met le feu à la fin de la cérémonie.
La personne malade, ou bien l'enfant que l'on veut préserver, doivent être présents à la cérémonie.
En général, pendant que les femmes chinoises vont s'agenouiller devant quelque poussah barbu et grimaçant, et s'évertuent à jouer à pile ou face, en jetant avec le plus grand sang-froid deux morceaux de bois en l'air, pour savoir le nombre d'années qu'elles auront encore à vivre ou celui des enfants mâles qu'elles mettront au monde, leurs époux se dirigent de préférence vers les dépendances de certaines pagodes qui, comme à Canton, sont réservées à l'élevage des cochons sacrés, autant de victimes que ces bons religieux se sont empressés de soustraire au fer homicide du charcutier voisin, afin de se réserver d'opérer eux-mêmes la transmigration de ces animaux sacrés le plus saintement possible, sous la forme de jambons purifiés.
Quand on demande à ces vénérables bonzes les raisons de cette contravention au rite de la métempsycose, ils s'excusent en prétextant de la nécessité où ils se trouvent d'avoir à faciliter la digestion, autrement par trop pénible, des quantités d'épinards ou autres herbes cuites à l'eau qu'ils doivent absorber, soir et matin, en présence de la foule ébahie des passants qui les contemple du dehors, cette cérémonie ayant pour but principal de dissiper les doutes que les habitants auraient pu concevoir sur les pratiques austères de la bonzerie.
Il est vrai qu'une fois la porte du saint lieu fermée au public, les vénérables bonzes s'empressent de faire diversion aux pratiques religieuses par une petite fumerie d'opium en commun. Ils ont perdu toute espèce de dignité, et sans les ruines qui les entourent on n'aurait aucune idée de leur grandeur passée. Quelque-uns regrettent cependant le temps où les aumônes des fidèles étaient assez nombreuses pour couler des statues colossales au Bouddha, tandis qu'aujourd'hui elle se font de plus en plus rares; mais le billon est en outre de si mauvaise qualité, qu'il ne saurait recevoir une aussi sainte destination.
Telles sont les raisons pour lesquelles le Bouddha n'est plus moulé qu'en terre cuite, voit ses pagodes converties en hôtellerie, et ses serviteurs qui le délaissent pour aller chasser tous les diables du quartier.
Magasin pittoresque, 1870.
La seconde image, placée dans la corniche de droite, est celle de Haon-yen-kouâng; les hommes comme les femmes lui adressent leurs prières pour les maladies d'yeux. Les présents à lui faire sont peu coûteux, et consistent en une paire de lunette en toile semblable à celle qu'elle tient dans la main.
La troisième et la plus redoutée des trois est Pan-tchen-niang-niang, la déesse de la petite vérole, cette maladie continuant à exercer ses ravages parmi les Chinois. Les plus crédules de ses adorateurs ne veulent pas croire à une maladie naturelle, mais bien à un sort que leur a jeté la déesse en les choisissant pour ses serviteurs. De plus, afin de les distinguer du reste des humains, elle les marque en leur lançant à la face une poignée de pois contenu dans la sébile qu'elle tient à la main.
Les deux messagers de la déesse sont Tou-olr-ko-ko et Tou-olr-tsiaï-tsiaï, ses frères et sœurs. On les représente à cheval et toujours prêts à partir pour transmettre la maladie.
Les offrandes à faire à cette déesse sont plus dispendieuses que celles offertes aux deux précédentes: elles consistent en reproductions plus ou moins grandes de la déesse et de ses messagers, mobilier, chaises à porteur, banderoles, etc. , le tout généralement fait de papier doré, et auquel on met le feu à la fin de la cérémonie.
La personne malade, ou bien l'enfant que l'on veut préserver, doivent être présents à la cérémonie.
En général, pendant que les femmes chinoises vont s'agenouiller devant quelque poussah barbu et grimaçant, et s'évertuent à jouer à pile ou face, en jetant avec le plus grand sang-froid deux morceaux de bois en l'air, pour savoir le nombre d'années qu'elles auront encore à vivre ou celui des enfants mâles qu'elles mettront au monde, leurs époux se dirigent de préférence vers les dépendances de certaines pagodes qui, comme à Canton, sont réservées à l'élevage des cochons sacrés, autant de victimes que ces bons religieux se sont empressés de soustraire au fer homicide du charcutier voisin, afin de se réserver d'opérer eux-mêmes la transmigration de ces animaux sacrés le plus saintement possible, sous la forme de jambons purifiés.
Quand on demande à ces vénérables bonzes les raisons de cette contravention au rite de la métempsycose, ils s'excusent en prétextant de la nécessité où ils se trouvent d'avoir à faciliter la digestion, autrement par trop pénible, des quantités d'épinards ou autres herbes cuites à l'eau qu'ils doivent absorber, soir et matin, en présence de la foule ébahie des passants qui les contemple du dehors, cette cérémonie ayant pour but principal de dissiper les doutes que les habitants auraient pu concevoir sur les pratiques austères de la bonzerie.
Il est vrai qu'une fois la porte du saint lieu fermée au public, les vénérables bonzes s'empressent de faire diversion aux pratiques religieuses par une petite fumerie d'opium en commun. Ils ont perdu toute espèce de dignité, et sans les ruines qui les entourent on n'aurait aucune idée de leur grandeur passée. Quelque-uns regrettent cependant le temps où les aumônes des fidèles étaient assez nombreuses pour couler des statues colossales au Bouddha, tandis qu'aujourd'hui elle se font de plus en plus rares; mais le billon est en outre de si mauvaise qualité, qu'il ne saurait recevoir une aussi sainte destination.
Telles sont les raisons pour lesquelles le Bouddha n'est plus moulé qu'en terre cuite, voit ses pagodes converties en hôtellerie, et ses serviteurs qui le délaissent pour aller chasser tous les diables du quartier.
Magasin pittoresque, 1870.
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