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mardi 6 janvier 2015

De la fabrication des cartes à jouer.

De la fabrication des cartes à jouer.

Chacune des cartes dont vous tenez quelquefois à la main une douzaine déployées en éventail se compose de trois feuilles superposées. La feuille du milieu, qu'on appelle main-brune, est en double papier gris, bien uni, d'une teinte uniforme; elle est destinée à s'opposer à la transparence.
Pour le dos de la carte, on emploie le papier cartier, blanc, ou bleu, ou jaune, ou rose: il faut qu'il soit si parfaitement uni qu'on y puisse remarquer aucun grain, aucune inégalité qui permettraient de le reconnaître. Quelquefois on le tarote, c'est à dire qu'on y trace des dessins variés, dont des yeux exercés et peu honnêtes peuvent abuser. 
Enfin le papier de dessus, nommé papier de face ou papier pot, est un papier blanc à filigranes.
Les traits des figures sont ordinairement imprimés à l'aide de planches de bois, à la régie même, sous les yeux d'employés de l'Etat. On a vu, à l'une des expositions à Londres, une machine qui imprimait les cartes typographiquement.


L'enluminure des cartes se fait chez les fabricants ou cartiers. On n'y emploie que cinq couleurs en détrempe: le noir de fumée, le bleu indigo, le gris ou bleu moins teinté; le jaune, décoction de graine d'Avignon; le rouge ou mine orange, ou le vermillon.
On se sert de patrons découpés à jour ou de brosses dures pour appliquer les couleurs dans l'ordre suivant: rouge, jaune, noir, bleu et gris.
On fait sécher les cartes sur un poêle, après quoi on frotte les faces peintes, d'abord avec un feutre enduit de savon sec, puis avec le lissoir, qui est un caillou arrondi.
De là les cartes passent à la presse pour être redressées, et en fin au découpoir, machine qui a été perfectionnée ces derniers temps
Le dernier travail consiste à trier les cartes, à les assortir et à les mettre en paquets.
La France exporte chaque année pour un million de cartes. L'Etat prélève environ 20 ou 25 pour 100 sur cette fabrication, qui n'est permise qu'à des fabricants patentés ou commissionnés par la régie.

Magasin pittoresque, 1877.

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