Quelques détails peu connus sur Gresset et sur le poème de Vert-Vert.
Gresset publia son poème de Vert-Vert en 1733; il avait alors vingt-quatre ans, et il appartenait encore à la compagnie de Jésus, dont il ne se retira qu'un peu plus tard pour rentrer décidément dans le monde. Comme poète, il s'essaya dans tous les genres; mais jamais il ne retrouva la verve que lui avait inspiré l'aventure du perroquet; car l'histoire est vraie: elle s'est passée sous les yeux de l'auteur, non pas, comme on le dit, à Nevers, mais à Rouen, où Gresset était alors professeur au collège des Jésuites. Il avait, pensons-nous, une parente à la Visitation, et il y allait souvent causer au parloir. C'est là justement qu'il vit l'oiseau célèbre dont il a fait le héros de son poème. La scène fut placée à Nevers pour détourner l'attention; mais toute l'histoire s'est passée dans la patrie de Corneille, et c'est sur la Seine qu'avait voyagé l'oiseau.
A Rouen donc, cher les Visitandines,
Vivait alors un perroquet fameux,
A qui son art et son cœur généreux,
Ses vertus même et ses grâces badines,
Auraient du faire un sort moins rigoureux,
Si les bons cœurs étaient toujours heureux.
Vert-Vert (c'était le nom du personnage),
Transplanté là de l'indien rivage,
Fut, jeune encor, ne sachant rien de rien,
Au susdit cloître enfermé pour son bien.
Il était beau, brillant, leste et volage,
Aimable et franc comme on l'est au bel âge.
Ce poème singulier, dont le héros avait vécu à Rouen, fut aussi pour la première fois imprimé dans cette ville; les bibliophiles le savent bien. L'épopée du perroquet est donc son premier succès à Rouen. Des copies en circulèrent partout, même avant l'impression. Rouen comptait alors une soixantaine de couvents. Le poème était d'ailleurs dédié à la supérieure d'un de ces monastères.
Magasin Pittoresque, 1879.
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