Correspondance enfantine pour jeunes filles de dix à douze ans.
Modèle de lettres.
Modèle de lettres.
Marie à sa mère.
Maman, j'ai été bien méchante ce matin: j'ai désobéi, et je me suis obstinée ensuite à ne pas réparer mes torts. Quoique vous ayez eu la bonté de ne pas me priver de votre baiser du soir, comme vous m'en aviez menacée, je ne saurais me mettre au lit sans vous demander pardon de tout mon cœur et par écrit, puisque j'ai été assez sotte pour ne pas oser le faire de vive voix. Lorsque vous m'avez reproché ma faute, je l'ai immédiatement reconnue et comprise; mais en ce moment-là aussi, j'ai éprouvé un tel chagrin, une telle honte que, malgré tout mon désir de vous dire: "Pardon, Maman, je ne le ferai plus," une sotte timidité, un je ne sais quoi que je ne puis définir m'ont empêchée de parler, et m'ont fait passer à vos yeux, à ceux de Mademoiselle et de ma sœur, pour une méchante entêtée; et pourtant, je vous l'assure, chère Maman, cette seconde faute était très-involontaire; car, croyez le bien, il ne m'en coûte nullement de vous demander pardon, ou du moins, s'il m'en coûte, c'est uniquement parce que cela me rappelle le chagrin que je vous ai causé; mais prononcer des paroles de repentir qui sont dans mon cœur eût été, croyez-le bien, ma Petite Maman, mon plus cher désir. Voilà ce que je tenais à vous dire avant de me coucher, et maintenant que vous savez toute la vérité, j'espère qu'en trouvant ce soir cette lettre sous votre oreiller, vous voudrez bien m'accorder une fois de plus votre pardon et votre douce bénédiction.
Votre repentante fille,
Marie.
Mme la comtesse Dell-Rocca. *
*Chez Michel Lévy frères, libraires éditeurs, rue Vivienne, 2 bis et boulevard des Italiens, 15, à Paris.-Pris du vol., 1 fr 50 c.
La poupée modèle, Journal des petites filles, 1870-1871.
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