Fauteuils hygiéniques.
Chacun sait, par expérience, avec quelle difficulté on entretient autour des malades, des valétudinaires ou des vieillards, une chaleur douce, égale et soutenue. Si on augmente le feu dans le foyer, on risque de donner à la chambre une température trop élevée et dès lors insalubre, si, au contraire, on maintient un feu faible, le malade peut avoir froid, et si on le rapproche du foyer, il court risque d'être fortement chauffé par devant, d'avoir froid par derrière, ou, si c'est un vieillard ou un enfant, de mettre le feu à ses vêtemens.
M. Gille, rue du Temple, n° 129, à Paris, vient de faire connaître un fauteuil de son invention, qui remédie à tous les inconvéniens signalés ci-dessus pour le chauffage des appartemens.
L'appareil complet, du prix de 140 francs, se compose:
1° d'un fauteuil semblable, dans sa forme, à ceux ordinaires, mais dont le dos et les côtés sont formés d'une double enveloppe de zinc, qui forme une sorte de boite qui n'a d'issue que par une ouverture pratiquée sur un des côtés du fauteuil. Ce siège, au reste, est revêtu d'étoffe et muni d'un coussin comme tous ceux en usage.
2° Une paire de chenets avec leur galerie ou garde-cendres qui se place devant la cheminée, et qui ne diffère de ceux ordinaires qu'en ce que la galerie est creuse et qu'on peut verser de l'eau par une des boules ou pommes qui surmontent la galerie, et qui, à cet effet, est formée de deux demi-sphères dont l'une est mobile.
3° Un tuyau flexible et élastique en cuir ou autre substance et dont les extrémités sont garnies de pièces de cuivre, se vissent d'un bout sur une ouverture pratiquée sur le côté de la galerie, et de l'autre, à l'ouverture pratiquée dans le côté du fauteuil.
La manière de se servir de ce fauteuil est bien simple: on fait chauffer un peu d'eau, on la verse, quand elle est bouillante, dans la pomme ouverte; la température de cette eau se maintient ainsi dans le vide de la galerie par la chaleur qui se dégage du foyer. Quand l'eau est introduite, on referme la pomme, et aussitôt la vapeur d'eau bouillante s'élevant dans le tuyau flexible, se répand dans la double enveloppe en zinc du fauteuil, et ne tarde pas, en quelques secondes, à faire éprouver à toute la partie postérieure du corps du malade une chaleur douce et agréable qui se maintient à la même température tant qu'il y a de l'eau dans la galerie et du feu dans le foyer.
Un petit tuyau de cuivre, dirigé sous le manteau de la cheminée, sert au dégagement de la vapeur surabondante qui pourrait incommoder si elle se répandait dans la chambre. Un verre d'eau suffit pour la journée. Le siège des fauteuils n'est pas chauffé, mais M. G. peut le faire quand on le demande, et même adapter des chauffe-pieds.
On conçoit de suite les avantages qu'on pourra retirer de ce meuble hygiénique, non seulement en cas de maladie, de santé faible ou autrement, mais dans une foule d'autres circonstances, telles que pour les personnes qui transpirent facilement et redoutent les refroidissemens, les gens de lettres ou les personnes sujettes à de longs et pénibles travaux de cabinet, les individus qui craignent de s'approcher d'un feu violent, etc.
Le fauteuil de M. G. n'est guère plus pesant qu'un autre et peut facilement être placé dans tous les sens, il a encore l'avantage, au besoin, de fournir un bain de vapeur très-prompt et très-simple. Pour cela, il suffit de déshabiller le malade et de le couvrir d'un peignoir, sous lequel on dirige le tuyau flexible qu'on aura divisé. La vapeur se répand aussitôt sous le linge baigné et pénètre le corps du malade, jusqu'à ce qu'on juge à propos de cesser le bain.
Journal des connaissances utiles, janvier 1834.
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