Les petits princes d'Allemagne.
L'empereur Guillaume II a six enfants, six garçons, dont l'aîné a onze ans. Nos lecteurs apprendront sans doute avec intérêt de quelle manière ces petits princes passent leur journée.
Dès maintenant, ils sont habitués à une obéissance complète, et tenus aussi sévèrement que des soldats. Été comme hiver, ils se lèvent à six heures du matin, et aussitôt, suivant la mode anglaise, ils prennent une douche d'eau glacée. En une demi-heure, ils doivent être habillés; puis ils vont prendre leur premier déjeuner avec leur père.
En entrant dans la salle à manger, ils portent leur petite main à leur front et font gravement le salut militaire. On se met à table, en famille, et l'empereur, qui est un excellent père, s'amuse à leur bavardage.
Le déjeuner achevé, les petits princes se lèvent et sortent en faisant de nouveau le salut militaire. Les deux aînés vont travailler avec leurs professeurs. Quant aux plus jeunes, après avoir étudié ce qu'on apprend à leur âge, ils vont jouer dans le parc du Palais Impérial, s'il fait beau, ou dans leur salle particulière , s'il pleut. Le plus souvent, ils sont revêtus d'un uniforme de l'armée allemande, et ils s'amusent aux soldats. Comme jouet, tout récemment on leur a fait construire une petite forteresse proportionnée à leur taille, et renfermant des petits canons que l'on charge avec de la véritable poudre.
A une heure et demie, on se retrouve en famille pour le déjeuner, qui est fort simple, au contraire de se qu'on pourrait se figurer. Les enfants vont ensuite faire une promenade, souvent à Potsdam, la résidence de campagne de la cour, où ils prennent un goûter. A sept heures, c'est le dîner, puis les petits princes jouent un instant, mais il faut qu'à huit heures, ils aillent se coucher, afin de pouvoir se lever de grand matin le lendemain.
Bientôt les jeunes princes entreront tous à la grande école militaire des cadets de Lichterfelde, près Berlin, pour devenir des officiers; déjà, l'aîné, Guillaume, est élève à cette école, et, qui plus est, officier, lieutenant en second dans le premier régiment de la garde à pied, en garnison à Potsdam. Quand il a reçu son brevet d'officier, son père lui a donné une petite épée sur laquelle se trouve gravés ces mots: "A mon cher fils Guillaume" et toute une série de sentences morales.
D. B.
Mon journal, recueil hebdomadaire illustré pour les enfants, 9 juin 1894.
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