Les oranges de Blidah.
Voici la saison des oranges: partout les braves fruits dorés s'étalent à la devanture des boutiques et dans les petites voitures que les marchands vont, poussant devant eux par les rues en criant: La Valence! la Valence!
La plupart des oranges importées en France, quel que soit le nom dont on les qualifie, viennent de Blidah. La jolie ville algérienne s'élève littéralement dans un bois d'orangers; plus de 400 hectares autour de Blidah sont plantés d'orangers et, chaque année, on y récolte plus de cinquante millions de fruits délicieux, oranges ou mandarines.
La récolte des oranges commence vers le 20 octobre; celle des mandarines un peu plus tard; ce sont des Arabes qui font la cueillette dans de grandes corbeilles contenant chacune de quatre à cinq cents fruits. Les cueilleurs sont divisés en groupe de vingt personnes: les hommes enlèvent les fruits aux arbres; il les passent à d'autres hommes qui les transportent sur des nattes de palmiers autour desquelles sont accroupies quatre femmes armées d'un petit sécateur avec lesquels elles enlèvent la queue du fruit en la coupant très ras, mais ayant soin de laisser l'étoile.
Les oranges sont alors transportées dans les magasins et soigneusement étendues sur un lit de paille sèche, où elles restent pendant quatre ou cinq jours, puis vient le tour des trieuses.
Ces ouvrières sont armées d'un jeu d'anneau en fer blanc, de différents calibres, par lesquels elles font passer les oranges pour les classer ensuite dans des corbeilles suivant leur grosseur du numéro 1 au numéro 6. Les numéros 1, 2 et 3 qui forment le premier choix sont empapillotés et mise en caisse de 240, 312 et 420; les numéros 4, 5 et 6 sont mis en caisse de 100 fruits, et le reste est déposé en vrac dans des caisses de 110 à 115 kilogrammes.
Les mandarines sont récoltées de la même façon; mais le triage et l'emballage demandera plus de précautions: les quatre premiers numéros sont enveloppés de papiers et emballés dans des caisses de 25, 50, 100, 200; les plus petites dont la forme est irrégulière et défectueuse, sont mises en caisse de 1000 à 1500, en vrac.
Toutes ces oranges et ces mandarines sont expédiées à Paris, Lyon et Marseille, à Paris surtout, qui approvisionne l'Angleterre, la Belgique et la Prusse.
Ajoutons que toutes les oranges désignées sous le nom d'oranges de Blidah, ne sont pas récoltées dans cette dernière ville; beaucoup viennent de Chifah, Dalmatie, Beni-Mered, Soumah et enfin Bouffarik où l'on plante des orangers tous les ans. Tous ces lieux de production sont situés, comme Blidah, dans la belle et fertile plaine de la Mitidja.
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La petite revue, premier semestre 1889.
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