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lundi 10 février 2014

Comment doit-on se conduire dans les rues.

Comment doit-on se conduire dans les rues, à la promenade, dans tout lieu public. -Des rencontres au dehors.



En général, il faut avoir, dans la rue, une démarche régulière, ni trop lente, ni précipitée. On doit regarder devant soi, et ne pas, comme on dit vulgairement, bayer aux corneilles. Il est important d'éviter avec soin de heurter, de coudoyer personne, de gesticuler, de traîner des pieds, de crotter, en marchant nonchalamment, les passants, les personnes qui nous accompagnent, ou soi-même.
Les jeunes personnes doivent tâcher de se donner une démarche décente et facile, aussi éloignée de la prétention que de la nonchalance.
Une marche sautillante est l'indice de la légèreté et de la coquetterie.
Il est essentiel qu'elles évitent aussi ce balancement du corps qui donne un air hébété à toute la personne, ou ces mouvements brusques et saccadés qui contrastent avec la douceur, cet apanage précieux de la femme.
Une jeune personne doit surtout s'accoutumer à prendre toutes les précautions nécessaires pour qu'on n'aperçoive pas, sur ces vêtements, des traces de boue ou de poussière; sinon elle s'exposera à être taxée de maladresse, ou, ce qui est pis encore, de malpropreté.
Lorsqu'une jeune personne sort avec sa mère, ou quelque parent qui à droit à ses égards, elle doit, autant que possible, lui ménager la droite, le haut du pavé, régler son pas sur le sien, et lui offrir modestement son bras, si elle a lieu de le croire utile ou agréable.
Les jeunes personnes marchant dans la rue ou dans une promenade avec des personnes plus âgées qu'elles, et pour qui elles doivent avoir de la déférence, leur céderont toujours le côté le plus propre et le plus commode.
Quand on est deux, la droite est ordinairement la place d'honneur; si l'on est en plus grand nombre, c'est le milieu.
Si une jeune personne voit venir à sa rencontre un vieillard ou tout autre personne à qui elle croit devoir de la considération, elle doit se ranger de manière à lui céder le côté des maisons. Si la rue est obstruée, il serait d'une incivilité grossière de coudoyer ses voisins, pour ne pas être interrompu dans sa marche.
Quand on se trouve à côté de personne qu'on doit respecter, il faut s'effacer poliment le long du mur afin de leur faciliter le passage.
S'il vient à pleuvoir, il faut éviter d'accrocher les parapluies des passants, soit en élevant, soit en abaissant le sien suivant qu'il est nécessaire.
Il n'y a que des gens mal élevés qui se permettent de manger dans les rues et dans les promenades; c'est un signe de gourmandise du plus mauvais ton. On ne tolère cela que dans les jeunes enfants qui n'ont pas encore l'âge de raison.
Il n'est jamais permis de montrer quelqu'un du doigt dans la rue: c'est une impertinence.
Il est presque inutile ici de dire que, lorsqu'on rencontre quelque personne de sa connaissance dans la rue, on ne doit ni lui parler de loin, ni lui demander, en criant, de ses nouvelles. Agir ainsi est contraire à la bienséance.
En général, il convient de parler peu et à voix basse dans la rue et dans les lieux publics. Une femme surtout qui y élèverait la voix se ferait remarquer d'une manière défavorable.
Les femmes doivent éviter de regarder personne en face, particulièrement les hommes qui passent à côté d'elles. Ce serait une marque incivile d'effronterie.
On porterait un jugement très-fâcheux sur les jeunes personnes qui, passant près d'un homme, se tourneraient l'une vers l'autre, avec un air mystérieux, de manière à faire croire qu'elles communiquent des réflexions relatives à cet homme.
Quand une femme rencontre quelqu'un de sa connaissance, elle doit lui adresser un salut en rapport avec l'affection ou l'estime qu'elle lui porte. Les personnes bonnes, celles qui ont l'esprit bien fait, n'attendent jamais qu'on les préviennent à cet égard.
Une femme, bien moins encore une jeune personne, ne doit pas s'arrêter la première avec un homme, à moins qu'il ne soit âgé, et qu'il règne entre eux une grande intimité, ou bien encore dans le cas où cette dame aurait à s'adresser à un personnage d'une supériorité bien marquée. Elle doit, dans ce cas, prier la personne d'excuser la liberté qu'elle prend.
Une jeune personne ne saurait mettre trop de tenue en rendant le salut que lui adresse un jeune homme.
Il est inconvenant d'appeler par son nom une personne que l'on rencontre, encore plus de la nommer à chaque phrase qu'on lui adresse. Il faut se contenter de dire monsieur, madame, et ne pas craindre de prodiguer ces qualifications.
Dans une promenade, si un homme offre son bras à une jeune personne accompagnée de sa mère ou d'autres femmes d'un âge plus avancé, la jeune personne ne doit point accepter, parce que la bienséance veut qu'on rende cette politesse à la personne la plus âgée.
Si une jeune personne, sortie avec l'autorisation de ses parents, rencontre une de ses amies surprise par une averse, sans moyen de s'en garantir, elle fera très-bien de lui offrir de profiter de son parapluie, et de la conduire jusqu'au lieu de sa destination. Si des affaires pressées l'empêchaient d'accomplir ce devoir, elle devrait du moins la mettre à couvert et lui exprimer tous ses regrets de ne pouvoir l'accompagner plus longtemps...
Terminons ce qui concerne les rencontres. Généralement, dans ces occasions, on doit éviter des manières trop familières, quelque soit le degré d'intimité avec les personnes.
Si vous abordez quelqu'un avec qui vous n'êtes pas très-familière, vous devez vous abstenir de lui demander où il va, d'où il vient. Toute question qui peut avoir un air d'indiscrétion, de curiosité, est à éviter avec soin.
Enfin, nous croyons tout à fait superflu de recommander aux jeunes personnes de ne pas s'arrêter en chemin pour regarder fixement quelqu'un à qui elles n'auraient pas à parler. Il faudrait ignorer tout principe de Civilité pour être capable d'un tel manque de convenances.

La civilité des jeunes personnes, par J.B.J de Chantal, Libraire Lecoffre Fils et Cie, 1876.

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