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mardi 11 février 2014

Métiers bizarres.

Métiers bizarres.

Il a déjà été question souvent ici de métiers plus ou moins bizarres, comme celui de chasseur de serpents: mais lors des recensements qui se font dans les différents pays, on découvre de temps à autre des métiers pour le moins étranges. Cela a été le cas pour le dernier recensement des Etats-Unis. Nous ne parlerons pas de ceux qui sont classés parmi les marchands de serpents mêmes, et qui sont en assez grand nombre. Cependant, il est intéressant de signaler tel homme du Texas, qui a fourni des renseignements détaillés sur son industrie, et affirme avoir vendu en 1910, 150.000 serpents à sonnettes ou autres serpents aussi venimeux.
A Kansas City, il existe un industriel qui vend en bouteille la fameuse fumée de bois de hickory. L'hickory, qu'on appelle aussi noyer d'Amérique, est un bois particulièrement dur et élastique; on l'emploie également pour la fumaison des poissons et des viandes. Et notre industriel affirme qu'il suffit de laisser échapper sur les viandes la fumée qu'il vend en bouteilles pour qu'elles soient fumées de façon aussi exquise que si on les avait longuement et directement exposées à un feu spécialement composé.
A New-York, un certain nombre de grands magasins possèdent un personnel spécial qu'on désigne sous le nom de goats: nom bizarre qui, littéralement, signifie chèvre ou bique, comme on voudra. Parfois, des erreurs, des méprises, se produisent, soit dans le service des livraisons, soit dans le service des commandes, ou même dans le service de fabrication de ces grands magasins. Si la méprise a eu lieu au préjudice d'un client un peu susceptible et grincheux, on le voit bientôt arriver dans les bureaux et se plaindre amèrement. On a trouvé un moyen de lui donner pleine satisfaction. On lui fait croire que l'on va renvoyer l'employé coupable de la négligence ou de l'erreur dont il a pu souffrir. On fait venir une ou un des goats; on lui déclare qu'en présence de l'erreur commise on ne peut que le "remercier", et le client s'en va, satisfait de la vengeance qu'on lui a accordée.
A signaler encore un métier bizarre, pour lequel la concurrence n'est pas fort à craindre, et qui est pratiqué par un industriel habitant Seattle. Ce métier consiste à se procurer les poils de moustache des walrus, autrement dit veaux marins, tués dans le détroit de Behring; ce sont des poils particulièrement durs et longs que les indigènes de la région arrachent aux veaux marins mis à mort; ils les assemblent en petites bottes et vont les vendre sur les côtes du Pacifique. Ces poils sont ensuite expédiés en Chine, les Chinois les affectionnent beaucoup comme cure-dents. D'ailleurs les moustaches du veau marin sont suffisamment longues pour qu'on taille dans chaque poil plusieurs cure-dents. Il paraît que l'industrie paye bien, et notre homme est fort satisfait de son métier.

                                                                                                     L. Viator.

Le Journal de la Jeunesse, 1913.

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