La fête des Rois dans la Beauce.
Dans certaines parties de la Beauce, la fête des Rois a conservé une partie de son caractère religieux et naïf des âges écoulés.
Au commencement du souper, on nomme un président, qui est presque toujours la personne la plus âgée et la plus respectable parmi les assistants. Avant d'entamer le gâteau, un enfant monte sur la table. Puis le président, ayant coupé une première tranche:
- Pour qui ce morceau? demande-t-il à l'enfant.
Et celui-ci répond:
- C'est le morceau du bon Dieu.
Cette part, en effet, est mise de côté pour être donnée au premier pauvre qui viendra la demander.
D'habitude, il ne se fait pas attendre, car, presque toujours, ils sont trois ou quatre au dehors, épiant à travers les fentes des volets l'occasion d'exprimer leur demande. Quand le moment est venu, un deux chante sur un ton dolent:
Honneur à la compagnie
De cette maison.
Nous souhaitons année jolie
Et bien en saison.
Nous sommes d'un pays étrange
Venus en ce lieu
Pour demander à qui mange
La part du bon Dieu.
L'enfant attend la fin du couplet, puis il apporte aux pauvres la part de gâteau réservée en leur disant:
- Voilà la part à Dieu.
Où trouver un usage plus simple et plus touchant?
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 7 janvier 1906.
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