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mardi 4 février 2014

Quelques vieux livres.

Quelques vieux livres.

Je ne sais chez quels éditeurs vous les trouverez, petites amies, ces vieux livres qui ont fait les délices de vos mères, de vos grand'mères et peut être aussi des mères de vos grand'mères!... mais, enfin, tôt ou tard, vous les rencontrerez sur les rayons de quelque bibliothèque, et il ne faut pas que vous traitiez comme tout à fait inconnu ces aimables auteurs, que l'on appelle souvent les classiques du jeune âge.
D'abord, nous avons Berquin, le charmant, l'excellent Berquin, l'ami des enfants, en un mot; celui qui a écrit la Petite Glaneuse, le Petit Joueur de violon, le Colin-Maillard, et tant d'autres jolies et utiles choses que vous avez lues ou que vous lirez avec non moins de plaisir que les fillettes ou les garçonnets pour lesquels elles ont été faites, il y a nombre d'années.
Vient ensuite Mme de Genlis, avec ses Veillées du château et son Théâtre d'éducation, dont nous vous reparlerons en détail un de ces jours.
Puis Bouilly, qui a tant écrit pour la jeunesse et particulièrement pour les petites filles; c'est de ce célèbre conteur d'une autre génération d'enfants que je vais vous entretenir aujourd'hui.
N'avez-vous jamais entendu parler des Contes à ma fille, des Conseils à ma fille (ce dernier pour les plus âgées d'entre vous seulement, mignonnes!), des Contes à mes petites amies, des Contes aux enfants de France, des Encouragements de la jeunesse, etc., etc. ?
Certainement oui, n'est-ce pas? Eh bien, tout cela est de Bouilly. Les Contes à ma fille surtout ont un nombre énorme d'éditions.
Je ne vous dirai pas que, personnellement, j'affectionne par dessus tout le genre du vieux conteur, comme s'intitule Bouilly lui-même. Bien que les histoires qu'il raconte soient toujours amusantes et écrites dans le but méritoire de corriger les travers des petites ou grandes filles, ces historiettes ont parfois le défaut de n'être pas tout à fait vraisemblables et de viser un peu trop à l'effet théâtral... puis l'expression est souvent incorrecte, affectée, maniérée...
Je ne sais, fillettes, si vous comprenez bien ce que j'entends par ces dernières paroles; je m'explique donc: Bouilly, par exemple, au lieu de dire simplement, en parlant de la maman d'une de ses héroïnes: "sa mère", préfère souvent des expressions plus pompeuses, dans le genre de celles-ci: "sa tendre mère, celle qui lui donna le jour, etc." Il ne dit pas non plus, je suppose: "la princesse, la reine", mais "l'auguste princesse, l'illustre souveraine, etc." Il s'écrie: "Elle se réfugia dans le sein de sa mère", au lieu d'écrire: "Elle se jeta dans les bras de sa mère."
Ce ne sont pas là de grands crimes assurément, et, pour votre propre compte, si l'historiette vous intéresse, si l'espèce de coup de théâtre qui la termine presque toujours frappe agréablement votre imagination enfantine, vous vous embarrassez peu de ces menus détails; mais comme je tiens à ne recommander à mes petites amies que des choses qui puissent, en leur formant l'esprit et le cœur, ne pas leur fausser le goût, j'ai cru devoir vous signaler ce ton maniéré, cette boursouflure de style qui, fort heureusement, ne sont plus du tout à la mode aujourd'hui.
Je pourrais encore vous citer quelques classiques de l'enfance, mais je préfère en rester à Bouilly pour aujourd'hui...

La Poupée Modèle, Journal des Petites Filles, 1870-1871.

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