Un goupillon du quinzième siècle.
C'est un bien petit objet, un meuble de bien peu d'importance qu'un goupillon. Il en faut cependant au moins un dans toute église pour les aspersions d'eau bénite quelles qu'elles soient, depuis celle que le prêtre distribue aux fidèles avant la messe paroissiale jusqu'à celle qui accompagne la bénédiction nuptiale, et celle enfin que, dans les enterrements, le clergé d'abord, puis tous les assistants, font sur le corps du défunt.
Les donneurs d'eau bénite qui stationnent dans les églises de quelque importance doivent aussi être munis du goupillon pour offrir l'eau sainte aux entrants et aux sortants.
De là plusieurs espèces de goupillons.
Les plus simples consistent en un manche de bois d'environ un pied de long au bout duquel sont fixés un certain nombre de petits bouquets de crins ou de poils très roides. On prétend que, dans le principe, c'étaient des poils de renard (en latin vulpes), d'où serait venu le nom de vulpilio (goupillon). Les goupillons de cette espèce sont ceux dont se servent exclusivement les donneurs d'eau bénite. Bien des pauvres églises de campagne n'en possèdent pas d'autres.
Mais le vrai goupillon d'église, tel que ceux qui font partie d'un mobilier ecclésiastique un peu complet, est d'une tout autre sorte. Il consiste en une boule creuse et percée à jours, fixée au bout d'un manche. Cette boule est composée de deux moitiés, de deux hémisphères se vissant l'un dans l'autre, entre lequel se place une éponge imprégnée d'eau bénite. Une fois la boule emmanchée, un léger mouvement de l'avant-bras suffit pour lancer quelques gouttes de cette eau à travers les trous dont est percée la boule.
La dévotion de nos pères, l'extrême soin qu'ils apportaient à la fabrication de tous les objets destinés à la célébration du culte, ont fait quelquefois du goupillon un véritable objet d'art. On en trouve un d'une forme curieuse dans une miniature du quinzième siècle reproduite par M. de Sommerard à la planche XXIX (3° série) de son Album. Mais certains détails pourraient bien n'être qu'une fantaisie du peintre.
Aussi préférons-nous, à tous égards, reproduire le charmant goupillon encore aujourd'hui existant dans la cathédrale de Coire, en Suisse. Il est impossible d'appliquer avec plus de goût à la décoration d'un objet usuel le style gothique fleuri dans toute sa pureté.
Magasin Pittoresque, 1879.
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