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samedi 6 décembre 2014

Chasse aux éléphans

Chasse aux éléphans
au cap de Bonne-Espérance.


Un voyageur anglais qui a récemment visité l'Afrique méridionale a donné quelques détails curieux sur la chasse aux éléphans, qui, comme l'on sait, est un des amusemens particuliers au pays.
Ayant réuni quelques amis, il se dirigea vers les collines au milieu desquelles coule la grande rivière aux Poissons (fish river) , et erra près d'un jour entier dans les montagnes, traversant les sites les plus agrestes.
Leur guide était un homme de moyenne taille, maigre, actif, avec le teint brûlé du soleil, et le coup d’œil rapide et sûr d'un braconnier. Il montait un petit cheval, et était suivi par neuf chiens qui venaient pour la plupart d'être fort maltraités par un sanglier dont la dépouille pendait à l'arçon du chasseur. Cet homme avait mené une vie aventureuse: d'abord colon anglais au Cap, il avait fait la contrebande en Cafrerie; puis, riche négociant, il avait perdu dans le commerce tout ce qu'il avait gagné par la fraude, et pour dernière ressource, il faisait la chasse aux éléphans, passant sa vie au milieu des montagnes, comme le chasseur de Cooper dans les forêts du Nouveau-Monde.
Nos aventuriers s'enfoncèrent de plus en plus dans ces solitudes désertes où l'on ne trouve pas de routes frayées; de temps en temps le guide s'arrêtait, aspirait l'air du côté d'où venait le vent, et semblait pressentir l'approche de sa proie. Ses observations sur les traces que laissaient les animaux étaient singulièrement précises: il distinguait celles qui dataient de trois jours de celles qui étaient de la veille ou de la nuit. Enfin, il montra du doigt une colline éloignée, et, se mettant en embuscade avec ses compagnons, il les avertit qu'une troupe d'éléphans se dirigeait de leur côté.
Il leur donna en même temps des torches allumées, leur enjoignant de mettre le feu aux herbes et aux buissons devant eux si les éléphans faisaient mine de les attaquer. Ce moyen de se soustraire à leur poursuite est infaillible. Sur huit, ils en tuèrent un; le reste prit la fuite; un des chasseurs était resté en arrière avec un petit garçon que l'on dressait à ce dangereux métier; ils entendirent tout à coup le lourd galop d'un énorme animal; c'était un rhinocéros. Tous deux se mirent à courir, et gagnant les broussailles, l'enfant, plus aguerri à ce genre de péril, mit le feu aux herbes, et, en un instant, ils furent entourés d'un cercle de flammes dont le pétillement et la fumée firent peur à leur ennemi, qui prit une autre direction.
Pendant ce temps, les autres avaient suivi les éléphans, et blessé à mort une femelle, qui, bien que percée de huit balles, restait debout pour protéger son petit, qu'elle couvrait de son corps.

Magasin universel, février 1835.

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