Une petite vengeance de Léon XIII.
Feu Léon XIII était, on s'en doute aisément, journellement sollicité par des quantités innombrables d'artistes peintres, sculpteurs ou photographes, qui briguaient l'honneur insigne de fixer ses traits ou par le pinceau ou par le burin.
Léon XIII, d'ailleurs, était facilement accessible. Au début de cette année, un peintre italien se mit en ligne, lui aussi, et demanda au pape l'autorisation de faire son portrait.
Le Saint-Père, résigné, la lui accorda, comme aux autres.
Lorsque l'artiste eut achevé son ouvrage, il pria le Souverain Pontife de vouloir bien mettre au bas de l'image une citation de l’Évangile avec sa signature.
L'oeuvre était médiocre, la figure point ressemblante et nullement flattée.
Embarrassé par la prière, le pape réfléchissait, et finement railleur, accommodant à la circonstance le verset 29 du chapitre 14 de l’Évangile selon saint Matthieu, qui rapporte les paroles de Jésus apparaissant à l'improviste à ses apôtres pendant un grand orage sur le lac de Galilée, le pape écrivit au bas du tableau:
"Vatican, 24-4-03, 5 h. du soir."
" Ne vous étonnez pas: c'est moi."
Et il signa:
Léon XIII.
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 23 août 1903.
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