Les lavements 2/3.
Les solutions à employer.
Occupons-nous d'abord de la quantité. Le lavement ordinaire est de 500 grammes, c'est à dire d'un demi-litre. Si la quantité de liquide qu'on veut administrer s'élève à un litre, un litre et demi, deux litres, cela devient une irrigation intestinale et le médecin a bien soin de l'indiquer dans sa prescription.
Supposons que ce lavement ait pour but de faciliter une exonération difficile et que le médecin ait dit: "Vous donnerez un lavement simple". On fait bouillir un demi-litre d'eau ordinaire pendant 3 minutes; on laisse refroidir jusqu'à ce que la température soit abaissée à celle du corps, on ajoute une cuillère à café de sel de cuisine, du gros sel, que l'on fait dissoudre et le lavement est prêt à être administré. Pourquoi ajouter du sel? Parce que la solution va rencontrer une muqueuse, que cette membrane est fine, parcourue par de nombreux vaisseaux sanguins, que le sang contient environ 7 grammes de sel par litre et que, si on injectait au contact de la muqueuse une solution non salée, on irriterait les tissus muqueux. Essayer de renifler une eau simple, vous sentirez aussitôt une vive douleur et vous aurez l'impression que la muqueuse du nez se gonfle; ajoutez un peu de sel à l'eau que vous allez vous introduire dans les narines: il n'y aura aucune sensation pénible; il en est de même pour l'intestin. La solution salée que vous rejetterez est devenue isotonique, c'est à dire d'une composition identique à celle du sérum sanguin.
Mais de l'eau ordinaire, c'est trop simple; ajoutez alors une forte poignée de feuilles de mauve, un bâton de racine de guimauve, que vous aurez tailladé, etc., mais alors l'ébullition devra être portée à 10 minutes au moins, ce qui obligera à augmenter la quantité d'eau et à mettre un litre. Ensuite, comme il y aura dans cette eau des impuretés, que vous ne devez à aucun prix injecter dans l'intestin, vous passerez la solution sur un linge fin et propre.
Voilà ce qu'on appelle un lavement simple ou émollient.
Pour le rendre plus actif, vous pouvez ajouter: soit une cuillerée de glycérine neutre, soit deux cuillerées d'huile à manger, mais après la filtration, et vous aurez soin d'agiter avec une cuiller, pour bien homogénéiser le mélange. Voilà le lavement glycériné ou huileux. Ne dépassez pas ces proportions; elles suffisent et l'augmentation de la glycérine peut ne pas être sans inconvénient.
Dans certains cas le lavement doit être conservé et non rendu rendu de suite après avoir été administré. Cette fois la température ne doit plus être celle du corps et le médecin a bien soin de préciser s'il désire un lavement soit froid ou chaud.
On fait prendre d'abord à la personne indisposée un lavement semblable à celui que nous avons indiqué plus haut; ce lavement est rendu et c'est ensuite qu'on administre le lavement froid ou chaud.
Ce dernier est en plus petite quantité; il ne se compose que de 125 ou 200 grammes. Le lavement froid est de l'eau bouillie refroidie à la température ambiante; le lavement chaud est à 40° et la main doit pouvoir y être maintenue sans éprouver la sensation de brûlure.
Ces lavements sont destinés à séjourner dans l'intestin, où ils sont d'ailleurs, rapidement absorbés et, pour faciliter la tolérance de la muqueuse, on y ajoute, outre le sel, 2 à 4 gouttes de laudanum.
La position à prendre.
En aucun cas, la personne qui prend un lavement ne doit rester debout; nous avons vu de violentes coliques et même une tendance à la syncope se produire, quand on conserve cette position.
La position assise, sur un plat, sur un bidet, sur un seau hygiénique, peut convenir aux gens très pressés, mais on ne doit la prendre que de façon tout à fait exceptionnelle. Cela se comprend: les matières sont accumulées dans l'extrémité inférieure de l'intestin; elles barrent la route au liquide, qui revient aussitôt sans avoir pénétré suffisamment pour produire un effet utile.
C'est la position couchée qui est indispensable.
On peut se placer sur le dos; glisser sous les reins, sous les fesses, un de ces plateaux émaillés en forme de soufflet, dans lequel on peut rendre la lavement.
Ou mieux encore se placer sur le ventre ou sur le côté, le droit de préférence, en repliant la cuisse gauche et en allongeant le membre inférieur droit.
Dans ces deux dernières positions, le liquide se répand facilement dans l'intestin et l'action de lavage, de nettoyage, est assurée. Il faut avoir la précaution de placer à proximité un seau hygiénique ouvert, à l'usage de la personne qui reçoit le lavement. Enfin, la position à genoux est une des meilleures à adopter, la pénétration du liquide étant complète.
La manière de procéder.
Tous ces préparatifs étant terminés, on place la douche d'Esmarck sur un meuble voisin ou on l'accroche à un clou fixé au mur, de telle sorte qu'elle soit à un mètre, un mètre cinquante au plus au-dessus du corps: on y verse la solution à employer. On adapte la canule rectale et on la graisse avec un peu d'huile ou de vaseline; la première est préférable. On introduit doucement la canule, après avoir écarté les fesses de la main libre, en poussant la pointe dans la direction du dos de la personne à soigner, si l'on a besoin d'un aide, ou en la faisant pénétrer soi-même dans le sens indiqué. On doit procéder lentement et doucement, sans provoquer de douleur; la canule doit être avalée et, si on éprouve de la résistance, il faut la retirer; Souvent, on la trouve couverte de matières épaisses, susceptibles d'obstruer les œillets. Dans ce cas, on ne fera une nouvelle tentative d'introduction qu'après l'avoir nettoyée.
Une fois la canule enfoncée de 6 à 8 centimètres, aucune douleur ne se produisant, on ouvre doucement le robinet en laissant couler progressivement le liquide et, quand l'opération ne semble donner lieu à aucune défense locale, on laisse aller le jet avec toute sa force. si le patient ressent une violente colique, il vaut mieux s'arrêter un instant, en pinçant fortement le tube de caoutchouc entre les doigts, de façon à obstruer sa lumière, et on reprend l'écoulement quand cette douleur est passée. Si elle persiste, si elle s'exaspère, il faut retirer la canule, se présenter sur le vase et, après une exonération partielle, on recommence de la même façon pour faire passer tout ce qui reste du liquide.
S'il s'agit d'un lavement à conserver, quand tout le liquidé a été injecté, au moment de retirer la canule, on a préparé un petit tampon de linge, qu'on applique sur le fondement, pour aider l'intestin à conserver le liquide.
(A suivre)
Les annales de la santé, 15 février 1912.
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