Fêtes et divertissements.
C'était aux assemblées, qu'on appelait Cours plénières qu'éclatait la magnificence de nos rois. Ces fêtes avaient ordinairement lieu deux fois par an, à Pâques et à la Toussaint ou à Noël. Les princes tenaient cours plénière à leur mariage, au baptême de leurs enfans, et lorsqu'ils les faisaient chevaliers. Toute la noblesse était invitée à ces divertissemens, qui ne manquaient pas d'attirer un grand nombre de charlatans, de bateleurs, de danseurs de corde, de jongleurs, de plaisantins et de pantomimes (1).
Pendant sept ou huit jours que duraient les cours plénières, le roi, entouré de tout l'appareil de la majesté, mangeait en public, la couronne sur la tête: il ne la quittait qu'en se couchant. Les pairs laïques et ecclésiastiques étaient à sa table. Le connétable et les grands officiers du royaume recevaient et servaient les plats.
"Au dîner du sacre de Charles VI, dit Froissard, les ducs de Brabant, d'Anjou, de Berri, de Bourgogne et de Bourbon, oncles de ce prince, s'assirent à table, bien loin de lui, et l'archevêque de Reims et autres prélats à sa droite. Les sires de Couci, de Clisson de la Trimouille, l'amiral de la mer et autres, parés de drap d'or."
Chaque service était apporté au son des flûtes et des hautbois. A l'entremets, vingt hérauts d'armes s'avançaient, chacun une coupe à la main, remplie de pièces d'or et d'argent, qu'ils jetaient au peuple, en criant à haute voix, largesse du grand monarque.
Le jour de la Pentecôte de l'année 1313, Philippe-le-Bel fit ses trois fils chevaliers, avec toutes les cérémonies de l'ancienne chevalerie. Le roi et la reine d'Angleterre, qu'ils avaient invités, passèrent la mer exprès, et se trouvèrent à cette fête, avec un grand nombre de leurs barons. Les cérémonies durèrent huit jours, et furent des plus belles et des plus brillantes, par la variété des divertissemens, la magnificence des costumes et la somptuosité des festins. On lit dans les Histoires de Paris: "les princes et les seigneurs changeaient d'habits jusqu'à trois fois dans un seul jour; les Parisiens représentaient divers spectacles, tantôt, la gloire des bienheureux; tantôt, les peines des damnés, ensuite divers sortes d'animaux, et ce dernier spectacle fut appelé la Procession du Renard."
Pendant les festins, pour amuser les convives, dans l'intervalle d'un service à l'autre, on avait imaginé des divertissemens, nommés entremets (2). C'étaient des décorations, qu'on faisait rouler dans la salle du repas, et qui représentaient des villes, des châteaux et des jardins avec des fontaines d'où coulaient toutes sortes de liqueurs. Au dîner que donna Charles V à l'empereur Charles IV, en 1378, on s'achemina, (dit un chroniqueur) , après la messe, par la galerie des Merciers, dans la grande salle du palais, où les tables étaient dressées. Le roi se plaça entre l'empereur et le roi des Romains. Il y avait trois grands buffets; le premier de vaisselle d'or, le deuxième de vermeil, et le troisième de vaisselle d'argent. Sur la fin du dîner commença le spectacle (ou entremets). On vit paraître un vaisseau avec ses mâts, voiles et cordages; ses pavillons étaient aux armes de la ville de Jérusalem; sur le tillac, on distinguait Godefroi de Bouillon, accompagnés de plusieurs chevaliers armés de toutes pièces. Le vaisseau s'avança au milieu de la salle, sans qu'on vit la machine qui le faisait mouvoir. Un moment après, parut la ville de Jérusalem avec ses tours couvertes de Sarrasins. Le vaisseau s'en approcha; les chrétiens mirent pied à terre et montèrent à l'assaut; les assiégés firent une belle défense; plusieurs échelles furent renversées; enfin la ville fut prise. Après le dîner, on donna à laver dans de magnifiques aiguières. Ensuite on apporta, suivant l'usage, le vin, les épices ou les confitures.
Charles IX étant allé dîner chez un gentilhomme auprès de Carcassonne, le plafond s'ouvrit à la fin du repas, on vit alors descendre une grosse nuée, qui creva avec un bruit pareil à celui du tonnerre, laissant tomber une grêle de dragées, suivie d'une petite rosée d'eau de senteur.
(1) Les plaisantins faisaient des contes; les jongleurs jouaient de la vielle, faisaient danser des singes, des chiens et des ours. Les pantomimes, par leurs gestes, leurs attitudes et leurs postures exprimaient un trait d'histoire, aussi clairement, dit-on, et aussi pathétiquement que s'ils l'eussent récité.
(2) On a long-temps donné à certaines pièces de théâtre le nom d'entremets, qui, plus tard fut remplacé par celui d'intermèdes.
Magasin universel, 1834.
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