Un barbier macabre.
Le fameux comédien anglais Charles Hacotrey raconte dans ses Mémoires, publiés récemment, une anecdote fort curieuse.
Se trouvant en tournée, lorsqu'il débutait dans la carrière du théâtre, sa troupe s'arrêta dans un petit village.
Notre comédien, ayant égaré son rasoir, demanda qu'on voulut bien lui indiquer où se trouvait le barbier de la localité.
On lui donna l'adresse d'une personne qui, selon le dire des habitants, avait coutume de raser les gens.
Quoiqu'il courût le risque de se faire décorer de quelques balafres au visage, le comédien fut trouver le figaro et lui exposa le motif de sa visite.
Celui-ci resta un long moment indécis, puis finit par dire:
- Veuillez, je vous prie, vous étendre par terre, sur le dos.
Croyant que dans le pays c'était la coutume de se coucher pour se faire raser, l'acteur anglais s'allongea sur le semblant de tapis que cet extraordinaire barbier lui présentait, et, sans répliquer, lui livra sa tête.
Lorsque le travail fut terminé, travail irréprochablement fait, d'ailleurs, le comédien, après avoir remis quelques pièces de monnaie au barbier, ne put s'empêcher de dire:
- Je serais très curieux de savoir pourquoi vous avez tenu à me faire allonger sur le sol, pour me raser.
- Oh! c'est très simple, répondit-il. Je n'ai jamais rasé une personne vivante. Je ne rase que les morts.
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 7 janvier 1906.
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