M. Revoil.
M. Revoil est désigné pour représenter la France à la conférence de Madrid qui doit régler la question du Maroc. Il paraît qu'il connait à fond, l'heureux homme, les affaires d'Afrique, ce qui prouve qu'il a tiré profit des séjours qu'il y a fait comme résident et gouverneur. Quand il a commencé sa carrière coloniale, il venait de passer, comme chef de cabinet, par trois ministères différents, et ne connaissait évidemment rien de la Tunisie, où on l'envoyait, mais son oncle avait connu, ce qui valait bien mieux, Gambetta et ses amis.
Au bout de plusieurs années de séjour, à des titres divers, dans nos possessions d'Afrique, M. Revoil fut rappelé en France. Il avait fini son apprentissage; il allait pouvoir rendre de grands services: on le remplaça. C'est ainsi qu'on en use en France en matière coloniale, où les administrateurs de carrière sont rares. M. Doumer, après un stage en Indo-Chine, vient de se faire élire président de la Chambre. M. Jonnart n'accepte que des missions, renouvelables, de six mois pour gouverner l'Algérie, parce que, s'il était seulement nommé pour sept mois, il lui faudrait renoncer à son siège de député, ce qui serait contraire à toute prudence.
M. Revoil, qui a dû à son oncle Pierre Baragnon d'avancer aussi rapidement, a été par la faute de ce même oncle obligé de résigner ses fonctions de gouverneur de l'Algérie: la campagne menée par M. Baragnon, qui était journaliste, contre M. Combes, à l'occasion de l'affaire des Chartreux, entraîna la chute de M. Revoil, victime innocente. Victime? qui sait? Voici l'ancien gouverneur ambassadeur à Berne. Peut-être le verrons-nous, un jour, bien qu'on le dise ennemi de la politique, sur les bancs de l'une ou l'autre Chambre, peut-être même sur celui du gouvernement.
La conférence de Madrid pourrait bien lui valoir un portefeuille, un portefeuille en maroquin écrasé.
M. Revoil est un homme indépendant et juste; il n'a laissé que des bons souvenirs partout où il est passé. Pour n'en citer qu'une preuve, lorsqu'il était résident général adjoint à Tunis, et M. Millet résident général titulaire, les colons comparaient les deux résidents, qui s'absentaient à tout de rôle, aux deux seaux d'un puits; cette expression quelque peu irrespectueuse montre que la bonne humeur régnait, en ce temps là, à Tunis.
Comment n'en aurait-il pas été ainsi, sous l'autorité d'un homme qui fut poète à son heure, qui chérit également son foyer, les objets d'art qu'il collectionne et l'huile qu'il récolte? Vous verrez que M. Revoil, qui lui aussi aime l'Afrique, ne résistera pas, quand il sera à Madrid, au plaisir de traverser la méditerranée, et que les sujets de M. Jonnart l'accueilleront avec des chants d'allégresse, comme celui-ci par exemple:
Revoilà
Revoil ah!
Ah! ah! ah!
Jean-Louis.
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 7 janvier 1906.
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