Les poupées parlantes.
Les jeunes lectrices de Mon Journal n'ont certainement pas appris sans émotion qu'il existe aujourd'hui des poupées parlantes, puisque le premier prix de notre Grand Concours de septembre consistait en un super bébé Jumeau prononçant des phrases de trente-cinq mots.
Des poupées qui parlent, nous en connaissons déjà, me direz-vous; on leur appuie un peu fortement sur l'estomac, et il en sort un petit son plaintif, qui signifie: "papa" ou "maman", et qui est en réalité assez mal articulé. Il s'agit bien de cela aujourd'hui! La poupée parlante débite maintenant des phrases entières, avec une voix absolument humaine, une voix d'enfant, et l'on comprend tous les mots qu'elle dit nettement et clairement. C'est une vraie merveille, alors? Ma foi, oui! Et le secret en est au phonographe, la célèbre invention de l'illustre Américain Edison.
Le phonographe, comme l'indique son nom, tiré de deux mots grecs, a pour but d'écrire les sons. C'est en somme, pour employer une comparaison peu scientifique mais très exacte, comme une sorte de boite qui emmagasinerait les sons pour les rendre ensuite quand on le voudrait, qui débiterait, comme une boite à musique, les phrases qu'on aurait prononcées devant elle. Faisons-nous mieux comprendre en expliquant le fonctionnement de cet appareil; la figure ci-dessous représente d'ailleurs un phonographe et nous facilitera les explications.
Nous n'avons pas l'intention de donner ici la description complète et détaillée du phonographe, ce qui nous entraînerait dans des développements trop longs. Nous nous bornons simplement à exposer le principe de cette admirable invention.
Nous n'avons pas l'intention de donner ici la description complète et détaillée du phonographe, ce qui nous entraînerait dans des développements trop longs. Nous nous bornons simplement à exposer le principe de cette admirable invention.
La parte essentielle du phonographe est un cylindre comme celui qui se trouve juste au milieu du dessin, et qui est recouvert d'une couche de cire assez épaisse. Devant lui est placée une petite embouchure ronde. Approchons-nous et parlons dans cette embouchure: prononçons simplement le son A, par exemple. Cette lettre fera vibrer, trembler une petite lame métallique placée sous l'embouchure, et comme cette lame porte au-dessus d'elle une pointe, une aiguille, celle-ci vient entrer dans la cire recouvrant le rouleau. A l'aide de la manivelle placée à droite, faisons tourner au même moment le rouleau ou le cylindre, comme on voudra l'appeler; il en résultera que l'aiguille tracera à sa surface un petit sillon en creux qui représentera toujours le son A. Si nous avions prononcé un O, ce sillon serait différent; il serait encore bien autre pour une syllabe ou pour un mot entier. En tournant continuellement notre manivelle, nous faisons avancer le cylindre pendant qu'il tourne sur lui-même, (aujourd'hui, c'est un ressort analogue à celui d'un tournebroche qui fait tourner l'appareil), et si nous débitons une série de phrases dans l'embouchure, nous verrons se creuser à la surface de la cire une série de sillons s'enroulant autour du cylindre comme les devises autour d'un mirliton. Ces sillons constituent ce qu'on nomme les phonogrammes, c'est à dire nos phrases enregistrées: et maintenant ce phonogramme va nous redire ce qui est écrit à sa surface.
Pour cela nous le plaçons dans un autre petit appareil, où, mû par un ressort, il se met à tourner, à se dévider, devant une plaque métallique appuyant, elle aussi, sur la cire par une aiguille. Celle-ci suit les sillons, s'enfonce, se relève, suivant que le sillon est plus ou moins creux, plus ou moins profond, et ses mouvements différents font vibrer la plaque métallique, ce qui provoque un son. Écoutons ce son de très près, et pour cela mettons à chacune de nos oreilles un tuyau acoustique en caoutchouc; nous serons tout étonné d'entendre si clairement les vibrations de la plaque en métal, et nous reconnaîtrons toutes les phrases que nous avons dites tout à l'heure dans l'embouchure du phonographe.
Vous comprenez dès lors ce qui se passe pour la poupée merveilleuse. Tout d'abord on a fait parler devant un phonographe une petite fille, pour que sa voix donne mieux l'illusion du langage d'un enfant et semble naturelle dans le corps de la poupée; elle a débité devant l'appareil les phrases que la poupée devra redire: "Papa; maman; je t'aime bien; j'ai faim; etc.". On a obtenu ainsi un phonographe où étaient inscrites toutes ces belles phrases.
Il s'agit maintenant de loger dans le corps du bébé le phonographe qui répétera tout cela. On met dans la poitrine de la poupée un petit appareil qui se remonte comme une montre, et qui sera chargé de faire tourner le cylindre portant le phonographe. On dispose ce cylindre à la place qu'il doit occuper, et on referme le corps du bébé, en ménageant une ouverture par laquelle pourront sortir les sons.
Voilà la petite merveille prête. Si sa petite maman veut bien l'écouter parler, elle n'a qu'à pousser un bouton; le cylindre intérieur se met à tourner, le phonographe fonctionne, la petite voix se fait entendre; la poupée raconte toutes les belles choses qu'on lui a apprises, et quelle pourra redire autant de fois qu'on le voudra.
Et voilà comment le grand savant Edison, en créant un merveilleux appareil, pu faire le bonheur des petites filles qui aiment jouer à la poupée.
Daniel Bellet.
Mon Journal, Recueil hebdomadaire illustré pour les Enfants, 30 décembre 1893.
Il s'agit maintenant de loger dans le corps du bébé le phonographe qui répétera tout cela. On met dans la poitrine de la poupée un petit appareil qui se remonte comme une montre, et qui sera chargé de faire tourner le cylindre portant le phonographe. On dispose ce cylindre à la place qu'il doit occuper, et on referme le corps du bébé, en ménageant une ouverture par laquelle pourront sortir les sons.
Voilà la petite merveille prête. Si sa petite maman veut bien l'écouter parler, elle n'a qu'à pousser un bouton; le cylindre intérieur se met à tourner, le phonographe fonctionne, la petite voix se fait entendre; la poupée raconte toutes les belles choses qu'on lui a apprises, et quelle pourra redire autant de fois qu'on le voudra.
Et voilà comment le grand savant Edison, en créant un merveilleux appareil, pu faire le bonheur des petites filles qui aiment jouer à la poupée.
Daniel Bellet.
Mon Journal, Recueil hebdomadaire illustré pour les Enfants, 30 décembre 1893.
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