M. Henry Becque.
Henry Becque, l'un des auteurs dramatique qui laissent une trace lumineuse dans la littérature de notre époque, vient de mourir. Et cela, au moment, où la reprise de la Parisienne, au théâtre Antoine, semblait enfin lui donner, au regard du gros public, la place à laquelle il avait droit.
Très combatif, très militant, M. Henry Becque, malgré ou plutôt à cause de son grand talent, s'était attiré de nombreuses inimitiés.
Sa mort soudaine l'empêche de terminer ces fameux Polichinelles dont on parlait tant dans le monde théâtral, et qui eussent été le pendant des farouches Corbeaux dont la reprise à l'Odéon, il y a deux ans, , obtint un gros succès.
Henry Becque, dont le noble caractère n'avait jamais pu se plier aux exigences de la mode, encore moins s'accommoder des petites compromissions, des petites lâchetés qui sont, trop souvent hélas, le prix et le secret des gloires littéraires, se souciait peu qu'une de ses œuvres eût chance de plaire au public, pourvu qu'il en fût lui-même satisfait; et pour rien au monde, il n'eût livré au jour une pièce incomplète ou bâtarde.
Avec de tels principes, il ne pouvait beaucoup produire, par suite, s'enrichir avec sa plume.
Il est mort dans la misère, et si quelques amis charitable ne s'étaient pas entendus, sa tombe eût été la fosse commune.
La Vie Illustrée, 18 mai 1899.
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