La clôture de la Conférence de la Paix.
Les travaux de la Conférence de la Paix sont terminés, et les délégués, comme les officiers de Marlborough, s'en vont "chacun chez soi" les uns avec la pure gloire d'avoir bavardé pour l'humanité, les autres avec le sentiment très net d'un lamentable échec.
Ce n'est pas la faute de l'envoyé du Tzar et des délégués français, si les assises de la Haye ont servi à prouver une fois de plus que l'homme n'a pas de plus mortel ennemi que l'homme; ces distingués diplomates ont tout tenté pour rendre la guerre difficile sinon impossible.
Mais il a fallu compter avec la belliqueuse Germania et la non moins turbulente Albion qui ont mis des pointes de casques et des balles dum-dum dans les roues.
L'empereur Guillaume, qui ne manque jamais une occasion, et Dieu sait si elles sont nombreuses, d'affirmer son ardent amour pour la paix, a repoussé le projet d'arbitrage international proposé par la Russie et la France... et d'un.
L'emploi des balles explosives, et des engins s'élargissant au contact réprouvé par la grande majorité des états, restera dans sa technique des batailles, grâce aux théories anglaises qui les reconnaissent comme de puissants auxiliaires de la civilisation.
De leur séjour à la Haye, les délégués garderont un souvenir attendri de cette jeune reine Wilhelmine qui se réjouissait déjà à la pensée que la terre de liberté sur laquelle elle règne, allait voir fleurir le fameux rameau d'olivier.
Quel présent à mettre dans une corbeille princière que la ratification d'un traité entre les nations, s'engageant à déposer les armes! L'Europe n'a pas voulu faire ce cadeau à la jeune souveraine. Tans pis!
Pendant leur séjour dans la capitale des Pays-Bas, les envoyés des puissances ont été l'objet des attentions les plus délicates de la part de la famille royale. La reine Emma a secondé sa fille, pour donner un exemple de cette hospitalité hollandaise, si large, si bienveillante, dans sa froide simplicité.
Pourquoi l'ambiance pacifique qui est la caractéristique du pays de Groote, n'a-telle pas triomphé des calculs de M. de Münster et des habilités de Pauncefote?
Germains et Anglo-Saxons ne pourraient-ils pas vivre sans les grands chocs des batailles? Les Lieds romantiques ne valent-ils pas les strophes enflammées du Wacht am Rhin ?
L'ère des bergerettes n'est pas encore ouverte, et, avant que le dernier fusil soit accroché dans quelque musée ignoré comme un objet de curiosité, il coulera encore bien du sang sur les champs désolés du vieux monde.
J. C.
La Vie Illustrée, 27 juillet 1899.
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