Les actrices millionnaires du Nouveau Monde.
Si l'on vous posait cette question: Quel est le pays où l'on trouve des actrices richissimes ayant gagné leur fortune à la seule force du gosier? vous répondriez en même temps "l'Amérique".
Et tous, vous auriez droit à un bon point.
Or, parmi ces actrices millionnaires, il en est trois qui se distinguent par l'accroissement des dollars.
Elles s'appellent: miss Crabtree, vulgo Lotta, miss Maggie Mitchell et miss Fannie Davenport.
Toutes trois sont d'origine très humble. Toutes trois ont eu des débuts bien modestes, dans quelques coulisses de province.
Miss Crabtree, aujourd'hui gère une fortune de quinze millions de francs.
Miss Maggie Mitchell ne possède que douze millions.
Quant à la troisième, miss Fannie Davenport, enfant de la balle, fille et sœur de comédiens, elle n'arrive qu'en troisième ligne, car sa fortune, placée d'ailleurs en terres, dans la crainte que le vent ne l'emporte, ne dépasse guère quatre millions, si l'on ne tient pas compte des bijoux, valant à peine sept cent cinquante mille francs.
Par ce triple exemple, on peut voir que le théâtre nourrit quelquefois son homme, ou sa femme.
Malheureusement, les trois millionnaires ne constituent, on en conviendra, qu'une infime minorité.
Il est même probable que si, au lieu de donner, comme nous le faisons aujourd'hui, les portraits des trois artistes qui font une heureuse exception, nous avions entrepris de reproduire ceux de tous les artistes sans emploi, sans sou ni maille, un numéro spécial de trois cents pages n'aurait pas suffi.
P. G.
La Vie Illustrée, 11 mai 1899.
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