La turbine atmosphérique.
Le jour vient à grand pas, sans aucun doute où le fluide électrique se fera le transportateur universel des forces motrices naturelles. Encore quelques améliorations aux méthodes actuelles, et l'utilisation à grande distance de maintes énergies s'exerçant aujourd'hui en pure perte sera partout chose usuelle.
En attendant, il arrive que des forces immenses et absolument gratuites ne sont pas utilisées, alors qu'elles seraient très facilement utilisables là où elles se produisent.
Parmi ces forces, la plus commune, la plus répandue et dont on fait généralement le moins de cas, est celle du vent, qui partout, presque à toute heure, est à la disposition de tous, et que presque tous laissent agir sans en tirer le moindre profit.
A vrai dire, l'emploi de cette énergie demande que, pour la capter, pour l'asservir, on fasse preuve de quelque ingéniosité toute spéciale. Jusqu'à présent l'on avait guère imaginé rien de plus pratique que le vieux, le légendaire, le gigantesque moulin à vent, fort pittoresque en réalité dans le paysage, mais inapplicable pour la plupart des services qu'on en voudrait attendre.
Tout autre est le nouveau moulin à vent dont nous donnons la figure, la turbine atmosphérique, comme l'appelle avec raison l'inventeur, qui, par l'artifice très habile des dispositions, en a fait un travailleur, un producteur en quelque sorte incessant.
Le moindre souffle l'anime; la tempête la plus forte ne l'affole point. Ajoutons que, s'orientant de lui-même, il ne laisse perdre aucune occasion de labeur; et enfin que, construit tout en fer galvanisé, et par cela préservé de toute oxydation, il est d'une durée indéfinie. Et comme l'agent moteur fourni gratuitement par la nature ne fait défaut nulle part; et comme la turbine atmosphérique fonctionne d'elle-même sans surveillance, sans frais d'entretien, voilà, me semble-t-il, un appareil en passe d'être bientôt installé partout où l'on a besoin d'une production de force relativement et absolument économique.
Louis Balthazard.
Musée des Familles, Lectures du soir, 1er semestre 1885.
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